Il y a quelque chose dans Mother’s Day qui fait qu’on est obligé·e d’y revenir pour plusieurs visionnages. Car oui, Mother’s Day c’est l’emblème de ce cinéma qui reste coincé le cul entre deux chaises en plein année 1980, phase de transition entre un cinéma nihiliste aux productions sombres et pessimistes et une volonté d’apporter un grain de folie nouveau chez les jeunes réalisateurs. Parmi ces dernier, Charles Kaufman, frère de Lloyd Kaufman (coucou Troma Entertainment) nous bricole ici un gentil petit survival qui emprunte sans vergogne, mais avec intelligence dans les classiques du slasher et des œuvres les plus trash possibles (pour l’époque). Ainsi Mother’s Day se révèle un mélange judicieux entre la folie redneck de Massacre à la Tronçonneuse, et le cadre bucolique et forestier de Vendredi 13.
Le résultat est un film à ranger dans votre video store parmi les titres les plus violents et barrés de sa catégorie, même s’il ne faut pas tout de suite considérer ce long-métrage comme une pâle copie d’œuvres précédentes qui peuvent quant à elles tremper dans l’opportunisme et l’artificialité (je t’aime Vendredi 13 mais tu es un pur produit marketing).
La première chose que l’on peut dire, c’est que Charles Kaufman se fait plaisir, et pas à moitié. Il met tout ses efforts dans le développement de son trio de sadiques cannibales qui ont manifestement un problème avec les citadin·e·s, mais ne nous y trompons pas la thématique de la ruralité contre l’urbanité n’est pas d’une grande finesse car elle vise surtout à être supplantée par un spectacle grand guignolesque où le sang coule à flot. Ces litrons d’hémoglobines ont une portée manifestement cathartique, ils sont le reflet d’une frustration maternelle de la part de notre duo de mauvais garçons, soumis à une mère tyrannique et visiblement folle.
Charles Kaufman parvient donc à justifier son opération marketing de faire un film sur la fête des mères en reprenant à sa sauce des œuvres marquantes et cultes pour en tirer une œuvre qui se démarque de ses concurrentes à travers des meurtres tordues, une ambiance crade atténuée par une grande part de burlesque au sein de nos personnages. Malgré quelques défauts notables comme des acteurs ou actrices un peu trop détaché·e·s de leur rôle, un montage qui peut sembler soporifique, Mother’s Day à cet aspect « fait maison » et sincère que l’on retrouve dans la plupart des films qui vont caractériser cette décennie totalement culte et novatrice que sont les eighties.
Bref vous l’aurez compris, Mother’s Day n’est pas le film le plus original que l’on peut voir en termes de slasher gore, cela dit il faut noter le véritable effort que déploie le film afin de nous offrir un acting aux mimiques mémorables et aux expressions théâtrales totalement loufoques ainsi qu’un divertissement décomplexé et cruel. En résumé si vous cherchez le soir sur Shadowz un bon petit film bien généreux et bourré de références cultes du cinéma des années 1970’s sans tomber dans le ridicule, Mother’s Day se révèlera être un excellent choix. Et pour le beau monde qui reste de m’engueuler car je n’ai pas évoqué le remake, j’invite celles et ceux qui ne l’ont pas encore regardé d’aller y jeter un œil étant donné qu’il regorge de très bonnes idées.
