Mortelle Symphonie
La Symphonie nᵒ41 en ut majeur, dite Jupiter, par Wolfgang Amadeus Mozart composée en 1788. Cette musique résonne encore dans la pièce quand il reprend ses esprits. Debout, le regard vague, il tient un couteau, ensanglanté, et il doit se battre pour reprendre ses esprits. Revenant doucement à la réalité, c’est au-dessus du corps de sa psychiatre qu’il se trouve. Elle est allongée dans une mare de sang et les dizaines de marques de couteau ne laissent aucun doute sur le fait qu’elle soit morte. Il n’avait jamais tué auparavant et n’en a jamais éprouvé l’envie. Et pourquoi la tuer elle ? Pourquoi prendre la vie de celle qui lui faisait tant de bien et qui l’aidait si bien à combattre ses traumatismes. Une chose le rassurait, il n’avait aucun souvenir de l’avoir attaqué, alors peut-être l’avait-il juste trouvée là et le choc de la découverte l’avait perturbé au point d’en oublier la réalité. Mais le résultat est le même, elle est morte.
Au cours des semaines suivantes, il ne put rien faire face aux preuves et malgré ses efforts, la mémoire ne voulait pas lui revenir. Durant son incarcération il obtient le droit de faire appel à l’hypnose dans le but de réactiver ses souvenirs. Il demanda l’aide du seul hypnotiseur qu’il connaissait, celui-là même qui quelques mois plus tôt lui avait permis d’arrêter de fumer.
Séance après séance, pas de nouveau souvenir mais une envie d’écouter la symphonie n°41 de Mozart, heureusement, elle est présente dans le lecteur MP3 que lui a offert son ami hypnotiseur. Aux premières notes de la musique, son poignet se rapprocha de sa bouche et il entreprit de se tailler les veines à coup de dents. Il fut retrouver mort, les poignets déchiquetés, l’œuvre d’un fou et le crime parfait d’un homme qui ne supporte pas qu’une femme se refuse à lui, un hypnotiseur amoureux d’une psychiatre qui ne partageait pas ses sentiments.

Laissez bronzer les cadavres
« Laissez bronzer les cadavres » c’est un code chez nous pour dire de ne pas aider les soldats ennemis blessés. C’est mon chef qui a inventé l’expression, il y a 5 ans, lors d’une opération en Thaïlande. Notre unité traquait un cartel de drogue et la piste nous a mené à un village isolé. Notre plan était prêt et un simple appel radio déclencha l’intervention d’un avion qui largua une pluie de bombes incendiaires sur le village. Un mur de feu jaillit du sol et il fallut attendre quelques minutes avant d’enfin pouvoir bouger de notre cachette. Quand nous nous sommes avancés vers le tas de cendres qui était, avant ça, le village. La moitié des corps bougeaient encore et certains arrivaient encore à crier pendant qu’ils brûlaient. En marchant au milieu de ce qui restait des habitants, l’odeur de chair brûlée remplissait mes narines et où que mon regard se posait il y avait une personne en train de brûler. Notre chef avait pris la tête et nous nous dirigions vers la seule cabane encore debout, c’est là que j’ai pu constater l’extrême précision de cette frappe. Cette cabane renfermé ce que nous étions venu chercher, 200 kilos de cocaïne dissimulés par les membres d’un cartel au milieu d’un village quelconque. Ce cartel est notre ennemi depuis des années et la perte de ce stock sera un gros coup dur pour eux. Alors qu’un de mes coéquipiers ouvre la porte de la cabane, quelque chose me touche la jambe, une main au bout d’une moitié de corps et des yeux qui me supplient de l’aider. Au moment où j’allais me baisser pour tenter de l’aider, j’ai entendu ces mots « laissez bronzer les cadavres, on n’a pas que ça à faire« . cinq ans après, nous utilisons tous cette expression, même nos ennemis, les mêmes qui passent à côté de moi alors que mon corps déchiqueté gît au sol après l’explosion d’une grenade.

La Résidence
Hier, en entrant dans « La Résidence », les miroirs murmuraient des secrets sinistres qui détruisaient les espoirs de ceux qui les entendaient.
Ce matin, dans les couloirs de « La Résidence », les ombres se déplaçaient de manière autonome et entraînaient les visiteurs dans un jeu macabre à l’issue fatale.
Dans l’après-midi, les murs de « La Résidence » révélèrent d’anciens messages écrits en lettres de sang, avertissant les curieux de ne jamais entrer, sous peine de devenir à jamais des marionnettes sans volonté, au service du mal.
Ce soir, au cœur de « La Résidence », le spectre d’une petite fille pleure sans relâche, emplissant chaque recoin de ses sanglots glaçants qui résonnent dans l’âme de ceux qui pénètrent ce lieu.
Chaque jour « La Résidence » m’offre de nouvelles histoires. Des murs qui écoutent les confessions de ses habitants pour les transformer en cauchemars. Des portraits prennent vie la nuit attendant patiemment le moment propice pour s’échapper de leurs cadres et se nourrir du corps des résidents endormis. Un ancien puits qui dissimule une force malveillante s’empare des âmes et les condamne au tourment l’éternel.
Demain je découvrirai peut-être une malédiction ancestrale qui transforme la tranquillité du jardin en un champ de fleurs vénéneuses, dont le parfum insidieux hypnotise les visiteurs, les poussant à commettre des actes abominables dont ils n’ont aucun souvenir au réveil.
« La Résidence », c’est comme cela que j’ai appelé cet endroit où mon cerveau torturé me fait vivre depuis 5 ans… depuis le jour où je suis tombé dans le coma.


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