En voguant entre les illustrations fantastiques, lugubres et kinky d’Instagram, mes yeux s’arrêtèrent sur un dessin particulièrement marquant : une nonne décharnée monochrome qui semblait fixer du regard son public en lui lançant quelques étranges malédictions. Il ne fallut pas plus de temps pour que je me lance à la découverte de son créateur et de son univers qui oscille entre horreur, métal et des dessins d’un style gore qui frôle avec le funky. Un artiste hyperactif qui s’exprime à travers la musique et l’illustration pour nous donner un aperçu de ce qu’il se passe dans sa tête !



Hello ! Comment tu te présenterais ?

Pas simple de se définir, je dirai que je suis très actif, les journées sont trop courtes, j’ai ce besoin viscéral de créer, d’exprimer des choses au travers de l’art, que ce soit le dessin ou la musique. Je n’utilise pas l’art comme outil de communication ou comme le font certain·e·s de « propagande », c’est un exutoire personnel, une expression nécessaire à mon équilibre personnel.

Est-ce que tu dessines depuis longtemps ?

Je dessine depuis ma tendre enfance durant laquelle j’étais beaucoup tout seul dans ma chambre à dessiner ou me fabriquer des jouets à base de pâte à modeler. J’ai arrêté le dessin au début de l’adolescence pour me consacrer à la musique solo et en groupe, j’y ai trouvé cette expression collective qui me manquait car je suis quelqu’un de nature très sociable. J’ai eu de nombreux groupes et j’en ai encore, je n’ai jamais arrêté. Puis, j’ai repris sérieusement le dessin il y a approximativement 7 ou 8 ans. Je ressortis les crayons pour participer à une très belle aventure créée par un de mes meilleurs amis : Crève Clothing. J’ai travaillé encore et encore, sans relâche, puis je suis passé sur le dessin digital pour augmenter mes possibilités de créations.

  • HPB Graphic Design
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Pourquoi l’étrange et l’horreur sont des sources d’inspiration pour toi ?

L’étrange et l’horreur m’ont toujours fasciné, je suis incapable de dire pourquoi…. Depuis tout petit je dessine des monstres et des squelettes, ça a value à mes parents des petites convocations avec la maîtresse d’école, mais comme je restai un petit garçon sociable et avenant personne ne m’a empêché d’explorer ces univers. Je trouve le sombre beau au final, très expressif, c’est très compliqué pour moi de savoir, j’ai toujours trouvé plus intéressant de dessiner un squelette qu’un bonhomme de neige en gros.

Tu dessines beaucoup en « noir et blanc », c’est un choix technique ou artistique ?

Le fait de dessiner en noir et blanc n’était pas un choix au début. Pour pouvoir faire des dessins sur t-shirt en monochrome, il a fallu travailler cet aspect et pouvoir fournir quelque chose de solide avec une seule couleur. Après, cela m’a permis de vraiment travailler les textures. Aussi, mettre des couleurs donne de la définition, notre cerveau dissocie automatiquement les objets en fonction des différences de colorimétrie et fait les associations. En revanche « en noir et blanc » tout devient très vite plat et uniforme. L’importance de savoir dessiner de la matière est primordiale, j’ai mis un point d’honneur à pouvoir sur papier réussir à dessiner des textures telles que de l’os, du textile, de la chair, de l’acier, etc. Si ces différences ne sont pas faites en noir et blanc, le dessin devient illisible et plat.

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Mes sources d’inspirations sont les films d’horreurs et fantastiques et les pochettes d’album en général. Ça m’a toujours beaucoup aidé pour développer mes créations artistiques, je scrutai les ambiances et les techniques utilisés.

Et quels sont tes films ou univers favoris ?

J’aime particulièrement les films d’horreur, je dirai que les films de zombies sont dans mes favoris. Les slashers aussi, mais ce que j’aime par-dessus tout ce sont les ambiances, j’aime les belles colorimétries sombres, quand c’est gothique dans la photographie, des vieux châteaux dépouillés avec un cimetière devant, bondé de fumée, les ambiances clichées des années 1980-90. Je trouve ça très esthétique, ça me parle beaucoup et je ne m’en lasse pas !

Pour toi, dessiner de l’horreur a-t-il une signification particulière ?

Dessiner de l’horreur n’a pas de signification particulière, j’aime ça, j’aime le folklore de l’horreur et j’aime pouvoir exprimer les noirceurs de mon esprit. C’est presque égoïste, mais j’exprime et j’enferme dans mes dessins ces parties sombres que je ne souhaite pas faire ressentir à mes proches et mon entourage. On a tou·te·s une noirceur enfouie, elle ressort chez chacun·e de façon différente, beaucoup n’ont pas d’exutoire ou passion, du coup iels crachent ces sombres pensées sur les autres, dans leurs attitudes, leurs actes… Après une répète avec mes groupes ou après une grosse séance de dessin je suis vidé, j’ai craché tout ce que j’avais sur le cœur et dans mes tripes. J’en ressors avec l’esprit léger et je n’ai aucun maux, aucune haine. C’est un équilibre que chacun·e devrait trouver pour le bien de tou·te·s.

Est-ce qu’il a un discours particulier que tu essaies de transmettre via HBP Graphic Design ?

L’art est un moyen d’expression mais pour moi il est personnel. Il me sert dans la vie de tous les jours, pour essayer d’être quelqu’un de plus ouvert, plus avenant et plus tolérant, l’art que ce soit pour la musique ou le dessin me permet de me nettoyer de toute tension psychologique ou frustration.

Tu écoutes de la musique lorsque tu dessines ? Est-ce que tu as des petits rituels pour te mettre dans le mood ?

Je ne pense pas avoir de rituels, par contre oui j’écoute systématiquement de la musique, et fort en général ! Je m’éclate, je chante et headbang tout en dessinant, c’est loin d’être discret pour les gens qui résident avec moi. Dessiner en musique est pour moi indispensable et nécessaire à une belle création.

Quel•le illustrateur ou illustratrice te fait le plus rêver ?

Je suis fasciné par le travail de Robert Borbas alias Grindesign. Depuis toujours je suis son travail, quand il n’était qu’illustrateur et qu’il dessinait les merchandising de groupes que j’écoutai tels que Aborted, Suicide Silence, All Shall Perish, etc. C’est mon maître Jedi, son univers, sa patte graphique, ses compositions, cela me parle énormément.

Comment perçois-tu tes dessins ?

Question difficile… J’ai toujours eu du mal à avoir du recul sur la perception de mes dessins, comme pour ma musique. Je dirai que c’est du dessin pour les amateurs et amatrices de genre, pas toujours très accessible je le conçois. Je me perfectionne avec le temps mais ce n’est pas parfait, je dois encore travailler, j’essaie d’aller au-delà de mes capacités, au-delà de ce que je pourrais imaginer. D’ailleurs quand je commence un dessin, je n’imagine presque plus rien avant. J’avance du mieux possible car sinon je me bride tout seul, j’avance à tâtons et j’exploite tout ce qui peut servir le dessin, je ne me donne aucune limite. Et souvent, le dessin ressort encore mieux que ce que j’aurais pu imaginer.

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Ce serait quoi ton rêve le plus fou ?

Mon rêve le plus fou serait de ne pouvoir faire plus que ça (car j’ai un autre métier à côté qui n’a rien à voir, je suis chargé d’affaires dans une entreprise de froid et climatisation). J’aimerais pouvoir collaborer avec de grands groupes de métal, faire leurs merchandising et leurs pochettes d’albums, ce serait un rêve, un accomplissement !

Est-ce que tu pourrais me parler davantage de ta musique ? Tu fais partie d’un groupe ?

J’aime autant la musique que le dessin. Dans les deux cas je suis accro, j’ai besoin autant de l’un que de l’autre. Je suis chanteur bassiste dans un groupe de métal The Discord Band, chanter et jouer de la basse me remuent les trippes, je peux écrire des textes pour exprimer ce que je ressens au plus profond de moi. Je peux ainsi crier ma tristesse, mes peurs et mes angoisses. J’ai également un autre groupe Darken Band qui est le retour d’un groupe métal progressif des années 80, on sort un album en septembre et pour The Discord on vient de sortir un EP 7 titres et nous avons eu la chance de jouer au Hellfest cette année ! J’ai eu de nombreux groupes par le passé, on parle de 20 ans de musique en groupe : Homestell, Fat Dead Shit, With Another Skin, Dunsta, etc., étaient mes anciens groupes mais The Discord est pour moi aujourd’hui un des groupes qui me correspond le plus et dans lequel je me retrouve le plus. Et nous sommes actuellement dans une phase de composition pour un second album.

Tu exprimes plutôt quoi dans la musique, comparé à l’illustration ?

C’est clairement une expression différente. Dans le dessin je canalise mes émotions, les démons, je dessine des choses sombres parce que je les extirpe de mon esprit pour les enfermer dans des dessins en quelque sorte. Je traite mes démons intérieurs, qui émanent de mes expériences, mon parcours. En revanche, la musique me permet d’extérioriser par rapport à ce monde que je comprends peu, toute cette incohérence et cette dualité que l’humanité s’active à entretenir, la bêtise, la contradiction, le manque d’ouverture d’esprit, ce mot « tolérance » que la plupart des gens utilisent sans en connaître le sens… Aujourd’hui nous n’avons plus le droit de nous exprimer, c’est jamais bien, quelqu’un·e qui n’y comprend rien aura tout de même quelque chose à redire… Bref, on a jamais eu autant besoin de soutien et on a jamais autant été divisé… Mes textes parlent de ça, et comme je ne peux pas m’exprimer sur tel ou tel sujet sans m’attirer les foudres des gens, je crache ce que j’ai à cracher musicalement.


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