Cran d’arrêt

Ma chère Michelle,

Le compte à rebours de ma fin inévitable s’amorce et je ne peux m’empêcher de t’écrire mes derniers mots. Les heures qui me séparent de l’exécution sont maintenant réduites à des minutes. Alors que je médite sur ma vie, je pense à toi, ma compagne silencieuse. Les années sans te voir n’ont pas entamée mon affection pour toi.

Au fil des années, tu as été mon unique confidente et ma muse. Chaque victime était un sacrifice à notre union et chaque goutte de sang versée était une déclaration de mon amour pour toi. Ton tranchant impitoyable froid m’a conduit sur le chemin du chaos et je ne pourrai jamais assez te remercier.

Je t’ai offert le prénom de Michelle, mon premier amour, la femme qui t’a offerte à moi, celle qui a inauguré ton corps de métal et a scellé notre union. À travers toi, j’ai appris le goût du sang, la douce mélodie de la mort.

Alors que les aiguilles de l’horloge s’égrènent inexorablement vers ma fin, je ne regrette rien sauf de ne pas t’avoir servi plus longtemps. J’aurais aimé te baigner dans le sang, t’offrir le plaisir de libérer des âmes innocentes et te laisser danser dans l’agonie de nos victimes jusqu’à ce que la lueur de leur vie s’éteigne par ta caresse.

Je ressens un étrange apaisement à l’idée que cette lettre puisse témoigner de notre histoire pour l’éternité, mon cher cran d’arrêt adoré, je souhaite que tu trouves un autre porteur aussi dévoué que moi, car même si je quitte ce monde, ton existence continuera de hanter les cauchemars des vivants.

Avec le tendre souvenir de ton contact sur ma peau,
La main que tu as guidée.


L’Île de l’épouvante

Alors que je naviguais en solitaire sur mon bateau, une tempête s’est abattue soudainement, secouant violemment mon embarcation. Dans la tourmente, une avarie m’a laissé dériver en haute mer, désorienté et perdu. Après des jours de dérive, épuisé et désespéré, j’ai finalement trouvé refuge sur une petite île paradisiaque, où le sable doré et les eaux cristallines semblaient être un rêve après l’enfer de la tempête.

La première nuit sur cette île déserte semblait tranquille. Le coucher du soleil m’a offert un spectacle magnifique. Cependant, dès la tombée de la nuit, l’atmosphère a changé de manière inquiétante. Fatigué par cette épreuve, je me suis vite endormi. Cependant, pendant mon sommeil, des cauchemars ont pris le contrôle de ma conscience : les arbres luxuriants deviennent des troncs morts qui étendent leurs branches vers un ciel pourpre, les vagues s’élancent sur la plage comme si elles voulaient la dévorer, des spectres glissent sur le sable rouge murmurant des phrases démoniaques incessantes. La terreur était partout, une vision de l’enfer sur Terre. Un songe qui n’en finit pas et l’impression de ne jamais pouvoir en sortir. Un cri perçant me réveille brusquement et, en ouvrant les yeux, je tourne la tête et découvre que la réalité se confond à mon rêve. Effrayé, je tente de me lever avant de me rendre compte que mon corps est paralysé. Les spectres m’entourent. Je sens mon être s’enfoncer dans les recoins les plus sombres de mon esprit, une douleur immense envahit mon corps et je sens d’autres présences qui hantent mon cerveau. Une force invisible agrippe mon âme et tente de l’extirper de son abri de chair.

Après ce qui m’a semblé être une éternité, je suis entouré de mes compagnons et nous regardons mon cadavre se dissoudre et venir se mêler au sable écarlate sur lequel il est couché. Je commence à errer à la recherche d’une sortie, ma seule obsession dans cet enfer éternel.


Vague de chaleur

Au plus fort de la vague de chaleur, Léa cherche refuge dans une librairie. Alors qu’elle parcourt les étagères, un livre attire son attention, celui-ci contient des légendes sur les reptiliens infiltrés parmi les humains. Cette lecture déclenche une obsession pour le sujet et un désir d’en savoir plus. Plus tard, à l’ombre d’un arbre dans un parc déserté par les gens, Léa remarque des gens qui ont l’air parfaitement à l’aise sous le soleil brûlant, semblant ne pas transpirer, elle les observe attentivement et croit voir des yeux aux pupilles fendues. En rigolant intérieurement, elle se dit que sa lecture et la chaleur la font délirer. En rentrant, elle pense devenir folle en voyant des langues bifides, des écailles et en attendant des murmures en langues étranges en passant près d’un groupe d’individus.

Une douche froide pour faire baisser la température et espérer remettre ses idées en place, mais au lieu de ça, son cerveau semble ne pas vouloir se calmer. Il commence à relier tous les points et, sous l’eau glaciale, Léa se souvient que les reptiliens se trahissent par leurs réactions physiologiques inhabituelles. Une révélation terrifiante, la vague de chaleur avait révélé un secret, ils vivent parmi les humains et elle l’a découvert.

Déterminée à sauver l’humanité, Léa rassemble son courage et se lance dans une quête désespérée pour avertir les autres. Armée de preuves photographiques de reptiliens en action, elle partage son effroyable découverte sur les réseaux sociaux, attirant l’attention du public. Très vite des témoignages motivent Léa à continuer sa quête désespérée. Ses vidéos virales et ses discours passionnés attirent l’attention des médias, et elle est invitée à passer à la télévision. Alors qu’elle se prépare pour son interview télévisée cruciale, Léa se fixe intensément dans le miroir pour s’assurer qu’elle a l’air convaincante, mais l’espace d’un instant, elle croit percevoir un éclat étrange dans ses yeux suivi d’une démangeaison à l’avant-bras. En relevant sa manche, elle voit une petite écaille à la surface de sa peau. Ces êtres qu’elle s’est juré de détruire sont, en fait, sa véritable espèce. Mais, à cause d’elle, le monde a déjà changé et, en cet instant, elle bascule du chasseur à la proie. Condamnée au secret, elle se demande comment survivre au milieu des humains qui veulent la détruire… mais non. Ces humains l’écoutent et la suivent, elle peut faire en sorte de protéger les siens, d’aider pour qu’enfin le monde appartienne à ceux qui le méritent vraiment.


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