Krampus, le père Noël vous veut du mal

(Michael Dougherty, 2015)

by Terror Drome

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Le Krampus est une figure centrale dans les célébrations germaniques de Noël, on a tout pour créer un bon film d’horreur avec une créature si symbolique : des longues mains aux griffes tranchantes, des dents acérées et des yeux à vous glacer de la tête aux pieds, tout ça camouflé sous un costume proche de celui de notre chère Saint Nicolas. Il serait donc difficile d’imaginer que l’on puisse rater une œuvre horrifique avec une telle créature, eh bien détrompez-vous ! Le Krampus à en outre fait l’objet d’une ribambelle de nanars tous plus infâmes les uns que les autres, pour vous assurer des soirées de rigolades, dans l’esprit des fêtes, voici un petit panel de ces quelques horreurs : Krampus Origins de Joseph Mbah (2018), Krampus Unleashed de Robert Conway, Krampus : The Christmas Devil de Jason Hull (2013), et pour finir sans doute le pire de tous, j’ai nommé Krampus : The Reckoning de notre très chère Robert Conway encore une fois.

Bref vous l’aurez compris, c’est censé évoquer Noël, moi ça m’évoque une vaste odeur d’étron (Baudelaire, 2015). Toutefois, parmi la multitude de ces productions digne de la saleté du Gange, un film sort du lot grâce à sa finesse et sa rigueur : Krampus de Michael Dougherty (2015). Le réalisateur à qui l’on doit le fameux Trick’R Treat compte bien encore nous montrer qu’il en a dans le coffre. Cette petite comédie horrifique qui s’inspire d’une production digne des années 80 n’est pas dénué d’intérêt, même si en France sa distribution fut aussi nulle que la compréhension du consentement chez Gérard Depardieu.

Véritable bijou du passé, ce Krampus revient vers un cinéma incisif et ingénieux, nous proposant un panel de créatures terrifiantes et terriblement réalistes, à l’aide d’effets spéciaux comme on les aime. La photographie résolument chaleureuse est quant à elle exploitée de manière progressive : au fur et à mesure que l’anti Saint-Nicolas se profile, on passe de tons chatoyants à la froideur du bleu et du blanc hivernal. L’utilisation d’un humour sombre bien grinçant, dénonçant l’avidité d’un traditionalisme à l’américaine donne à Krampus une dimension sombre voire presque pessimiste à certains moments. Héritier d’une horreur familiale à la Joe Dante et à la Spielberg, Michael Dougherty rend un brillant hommage à une créature aussi fascinante que terrifiante et nous propose un divertissement plus que correct, rempli d’une générosité artistique touchante.


La vie est belle, les ailes de Noël

(Frank Capra, 1946)

by Laurent

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Le 20 décembre 1946 se déroule à New York la première mondiale du chef-d’œuvre absolu de Frank Capra, devenu au fil du temps un classique intemporel du « film de Noël », La vie est belle aka It’s a Wonderful Life. Le secret du film ? Un optimisme à toute épreuve (malgré une bonne partie extrêmement sombre), une ode à l’amitié en même temps qu’une salutaire valorisation de l’individu par son influence sur la communauté. En un mot, un film d’utilité publique qui, 77 ans après sa sortie, possède toujours la même puissance émotionnelle dévastatrice.

Comédie dramatique fantastique (un ange y est chargé de redonner espoir à un homme financièrement acculé qui souhaite mettre fin à ses jours, lui permettant par la même occasion de gagner ses ailes), La vie est belle, filmé dans un somptueux noir et blanc, tente le pari de célébrer la vie, son importance et son caractère précieux en rappelant que tou·te·s et tous, nous avons un rôle à y jouer, une importance capitale sur le déroulé des existences (la nôtre mais aussi celle des autres) et que même au fond du trou, nous faisons partie d’un tout qui n’aurait jamais été le même sans nous. À l’image de l’une des dernières scènes du film où le héros interprété par James Stewart, découvre, guidé par l’ange, ce que serait devenu sa ville et son environnement sans lui. Déchirant.

À la fois extrêmement sombre dans sa description de la descente aux enfers d’un homme qui a consacré sa vie à faire le bien mais en même temps d’un optimisme final salutaire et salvateur, le film gagne ses galons de chef-d’œuvre à la fois par l’intelligence de son propos, la beauté plastique de sa mise en scène, la justesse de ses comédien·ne·s et bien entendu par ses 5 dernières minutes absolument bouleversantes, où même le plus insensible des membres de son audience ne pourra empêcher ses larmes de couler. « Chaque fois qu’une cloche sonne, un ange gagne ses ailes » dira une petite fille à la fin du film. Et Capra ne cessera de nous redonner espoir, de célébrer l’humain et de rappeler l’importance capitale de la vie.


Calvaire, un cœur en hiver

(Fabrice Du Welz, 2004)

by Laurent

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Prendre du recul sur l’œuvre d’un cinéaste pour en dégager la ou les thématiques récurrentes permet bien souvent d’appréhender le fil rouge qui la sous-tend. Qu’il s’agisse du court-métrage Quand on est amoureux c’est merveilleux (1999), de Vinyan (2008), d’Adoration (2019) ou encore d’Inexorable (2022), on constate chez le réalisateur Fabrice Du Welz que la thématique de l’amour fou (et de son manque) et ses conséquences se trouvent au cœur de ces différents récits, en constituent la moelle, en impriment la pulsation. Le premier long-métrage du metteur en scène, Calvaire (2004), ne fait pas exception à la règle et s’impose comme un uppercut à la fois graphique, sensitif et émotionnel dont la force du souvenir n’a d’égale que la puissance qu’il dégage à chaque redécouverte. Retour sur le premier coup de maître de l’un des cinéastes contemporains les plus passionnants et talentueux.

L’argument de Calvaire prend place au cœur des Ardennes, en hiver, et nous présente Marc Stevens (interprété par l’hallucinant Laurent Lucas), chanteur itinérant pour personnes âgées, qui tombe en panne avec son van en pleine forêt après avoir pris la route à l’issue de sa dernière représentation. Son chemin croisera alors celui de l’étrange Bartel (magistral Jackie Berroyer), tenancier d’une ancienne auberge, qui verra en Stevens l’incarnation de son ex-femme, Gloria. Et le film de glisser doucement dans l’horreur la plus viscérale, psychologique et invasive, s’insinuant dans les pores de notre peau et de notre âme avec une intelligence et une efficacité redoutables.

Le premier plan du film (on ne répétera jamais assez l’importance des premiers plans chez les grands cinéastes), met en scène Marc Stevens se maquillant face à son miroir pour le tour de chant qu’il s’apprête à donner dans une maison de retraite. L’écho de ce grimage inaugural trouvera une caisse de résonnance terrible et dramatique, à l’autre extrémité du spectre du travestissement, un peu plus tard dans le récit, lorsque le protagoniste sera séquestré et vêtu en femme par le personnage de Bartel. D’emblée, dès le début du film, le cinéaste semble nous indiquer qu’aucune de ses scènes ne sera laissée au hasard mais s’inscrira au contraire dans une démarche globale dans laquelle chaque évènement sera intimement lié au propos du film.


Sheitan, une virée cauchemardesque entre potes

(Kim Chapiron, 2006)

by Syneha Raktajin0

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Sheitan شیطان est une appellation du folklore arabe qui représente le Diable des religions monothéistes mais aussi d’autres démons ou esprits malveillants. Parfois associé à Iblîs (l’ange ou le djinn – selon les interprétations – qui ne s’est pas prosterné devant Adam), un sheitan est une entité démoniaque ou un esprit, un djinn, venu causer des souffrances en s’attachant à une personne. Ayant désobéi à la parole divine, tout comme dans le mythe de Persée ou de Lucifer, Sheitan représente la rébellion et l’orgueil. Ce terme est utilisé généralement pour désigner tout ce qui peut être considéré comme néfaste et maléfique. C’est autour de cette créature folklorique, de cette idée terrifiante, que tourne le film de Kim et Christian Chapiron.

Ce film d’horreur français nous dépeint le quotidien d’une bande de jeunes de banlieue constituée de Ladj, Bart and Thaï, allant s’éclater en boîte de nuit la vielle de Noël. Suite à une altercation potentiellement dangereuse, ils quittent Paris en vitesse et se retrouvent à la campagne après avoir embarqué Yasmine au passage. Direction ? Une belle communauté villageoise ! C’est dans la famille d’Eve (une femme rencontrée au club plus tôt dans la soirée) qu’iels vont passer les festivités. Cette découverte de la ruralité dégénère rapidement, et le métrage donne dans les explosions sanguinolentes de brutalité ! Ce groupe de potos citadin, d’abord amusé par le caractère étrange et rustre de ces rednecks de l’Hexagone, déchante au fur et à mesure que les comportements des habitant·e·s de la maison se dévoilent… Le gardien des lieux, l’oncle Joseph (interprété par Vincent Cassel) se montre particulièrement excentrique et vicieux.

Gore juste ce qu’il faut, c’est surtout dans son aspect malsain que Sheitan marque les esprits. Avec sa pointe psychédélique, le film reprend certains codes du redneck movie pour un massacre éprouvant et d’une inquiétante étrangeté. Il y plane une atmosphère onirique presque constante, le p’tit cameo de Monica Bellucci fait plaisir, et c’est parti pour un hybride entre un film d’horreur dérangé et une comédie française décalée !


Await Further Instructions, une horreur familiale qui se dévoile

(Johnny Kevorkian, 2018)

by Lord Humungus

  • Await Further Instructions
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Les membres d’une même famille venu·e·s passer les fêtes de Noël ensemble, se retrouvent séquestré·e·s dans leur propre maison par une étrange substance noire qui bloque toutes les sorties, pendant que les téléviseurs affichent laconiquement un même message :

« Suivez attentivement les instructions ».

Await Further Instructions est un huis clos familial à l’atmosphère étouffante et surréaliste. Au fur et à mesure que les diverses instructions sont données aux membres de cette famille, ceux/celles-ci vont se comporter de plus en plus étrangement et violemment, l’horreur se faisant alors de plus en plus forte mais ne révèle finalement que l’horreur latente qui a toujours était présente dans cette famille dirigée par un père autoritaire, sexiste, bigot et raciste usant de méthodes militaristes. On peut y voir une symbolique religieuse malsaine, tristement mise en avant par le patriarche de la famille durant la seconde partie de l’œuvre. Comme dans les films que le réalisateur Johnny Kevorkian cite comme références, notamment Cube ou encore The Thing, l’ennemi est à l’intérieur même des personnages, prisonnières de leurs peurs, de leur paranoïa et de leurs mensonges. Malgré un manque de moyens évident et un rythme lent, l’histoire est assez intéressante pour captiver son public jusqu’à la fin.


Matar a Dios, une comédie familiale explosive

(Caye Casas et Albert Pintó, 2017)

by Syneha Raktajin0

Entre les apocalypses d’invasion alien lovecraftienne, les accidents cosmiques ou technologiques et les contagions de zombies et autres joyeusetés, il y a le retour d’une fin du monde divine et bien déjantée avec Matar a Dios (Caye Casas et Albert Pintó, 2017) actuellement dispo sur Freaks On. Que ce soit un périple pour sauver une ère du déclin dans Le Seigneur des anneaux, The Witcher, La Roue du Temps, ou encore la réinitialisation de la Matrice… Les protagonistes de ces histoires se battent ensemble contre la destruction de leur monde. Dans la même veine que Dogma (Kevin Smith, 1999), Matar a Dios est une comédie fantastique mettant en scène un couple dysfonctionnel constitué de Carlos, un mari jaloux et sexiste avec sa femme Ana qu’il soupçonne de le tromper. L’homme s’énerve contre son épouse après avoir découvert un message tendancieux envoyé par son patron. Une phrase qui lui restera d’ailleurs en travers de la gorge durant toute son incroyable soirée. Dans une maison rurale et isolée louée pour le Nouvel An, le duo attend la venue de deux autres convives : Santi, le frère de Carlos, suicidaire depuis sa rupture avec sa femme, partie avec un homme plus jeune ; et leur père, désabusé et récemment veuf, qui tente de profiter au mieux de la vie préférant utiliser son argent afin de payer des escort girls pour lui tenir compagnie que de prendre ses médicaments pour le cœur. La soirée commence déjà tendue tant Carlos se montre insupportable avec son entourage mais l’apparition soudaine d’un étrange invité dans les chiottes de la demeure vient ajouter un élément perturbateur à l’histoire…

Prise de panique, la famille s’armera avant de faire face à l’intrus et, après avoir bien tiré la chasse d’eau, un nain barbu et cynique déboule dans le salon. Le sans-abri prétend être Dieu et que nos quatre protagonistes ont été choisi·e·s pour décider du sort de l’humanité. Un ultimatum divin les oblige à écrire les noms des deux seul·e·s survivant·e·s de l’espèce humaine avant l’aube, sous peine de tou·te·s y passer !

Matar a Dios mélange une bonne dose de cynisme, de dépression et d’humour lourd de la part de ses protagonistes. Cette petite perle du cinéma espagnol met en scène toute la spontanéité d’une famille réunie ensemble pour des festivités de fin d’année pour le meilleur comme le pire. Cette comédie dramatique, qui frôle avec une horreur à mi-chemin entre un drame psychologique, une satire sociale et une apocalypse religieuse en approche, place des gens ordinaires dans le rôle de protecteurs de l’humanité. Il en ressort des dialogues très bien écrits entre incrédulité, colère, égoïsme, envies suicidaires et machisme, le tout dans un style léger et dynamique. Cependant, le quatuor devra prendre la responsabilité qui lui a été confiée malgré leurs soucis personnels : choisir deux personnes pour assurer le futur de l’espèce humaine. La réussite de ce film tient en grande partie sur son acting d’un fabuleux réalisme, humain et déchirant. Des situations rocambolesques et des dialogues absurdes associés à une petite touche gore bien kitsch servent à la fois le discours des réalisateurs sur les archétypes de la société espagnole et l’attachement du public pour cette famille prise en otage par un Dieu déluré et qui doit maintenant assumer des responsabilités que personne n’aurait pu imaginer. Bien que le peu d’effets visuels aient un côté très retro, ce drama familial parait si naturel à l’écran !


Anna et l’apocalypse, des guirlandes de zombies

(John McPhail, 2018)

by Lord Humungus

  • Anna et l'apocalypse
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Musical horrifique ou film de zombie musical, Anna et l’apocalypse est un long-métrage britannique réalisé par John McPhail en 2018 qui raconte l’histoire d’une bande d’adolescent·e·s qui vont affronter une horde de morts-vivants. La veille de Noël, une apocalypse zombie s’abat sur la ville écossaise de Little Haven obligeant la jeune Anna (interprétée par Ella Hunt) et ses ami·e·s à se battre à coups de battes et de chansons pour retrouver leurs familles, tout en évitant de se faire tuer par des zombies féroces et affamé·e·s.

Adapté du court-métrage réalisé par le regretté Ryan McHenry, Anna et l’apocalypse est un mélange détonnant et réussi de comédie, de musical et d’horreur zombiesque. Comme dans le classique de George A. Romero, La Nuit des morts-vivants, le film de John McPhail ne donne pas d’explication logique quant à la présence de ces créatures et pose des questions éthiques sur les thématiques de la survie et du sacrifice. 

C’est aussi un teen movie qui, malgré les clichés du genre assumés comme celui de l’héroïne qui ne rêve que de s’en aller de sa petite ville natale insipide et ennuyeuse, parvient à créer des personnages crédibles et attachant·e·s et qui s’inscrivent parfaitement dans cette équilibre très bien maîtrisé de genres cinématographiques.


À l’intérieur, la nativité sanglante

(Julien Maury et Alexandre Bustillo, 2007)

by Lord Humungus

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À l’intérieur est le premier long-métrage du duo français Julien Maury et Alexandre Bustillo, parfait représentants de ce que les  théoricien·ne·s du cinéma ont nommé le New French Extremism. Le film, réalisé en 2007, met en vedette Béatrice Dalle et Alysson Paradis, sœur de Vanessa Paradis.

Le jour du réveillon de Noël et alors qu’elle est sur le point d’accoucher, Sarah, photographe de son état, a toujours du mal à se remettre de la mort de son mari tué quatre mois plus tôt dans un accident de voiture. S’apprêtant à entrer en clinique le lendemain, Sarah reçoit la visite d’une étrange femme qui lui demande si elle peut utiliser son téléphone. Soupçonneuse, la photographe ment à la femme prétextant que son mari dort et qu’il ne veut pas être dérangé. La femme lui dit qu’elle sait que son mari est mort. Apeurée, Sarah appelle la police mais la mystérieuse femme disparaît.

Dans ce film, Julien Maury et Alexandre Bustillo mettent en scène une histoire de vengeance à l’horreur frontale et anxiogène qui n’épargne en rien la sensibilité du public. Le métrage donne ainsi à l’actrice Béatrice Dalle un de ses meilleurs rôles, et à n’en pas douter, un des plus marquants dans la carrière de l’interprète principale de 37°2 le matin. Avec Martyrs réalisé en 2008 par Pascal Laugier, À l’intérieur participe, au début des années 2000, à l’émergence d’une nouvelle génération d’auteurs et d’autrices français·es s’inscrivant dans le cinéma de genre et plus particulièrement dans le cinéma d’horreur comme jamais auparavant dans l’histoire du 7e art français.


Le Jour de la bête, le Noël de l’apocalypse

 (Alex de la Iglesia, 1995)

by Syneha Raktajin0

  • Le Jour de la bête
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Comédie horrifique espagnole oblige, le métrage met en scène une croyance chrétienne : la naissance de l’Antéchrist, un enfant qui devrait naître 25 décembre 1995 à Madrid. Prophétie décryptée par le prêtre Ángel Beriartúa à partir d’un texte biblique de fin du monde bien connu, askip l’Apocalypse de Jean, la venue de cet enfant de la discorde correspondrait à une vague de criminalité secouant la capitale espagnole. Le Jour de la bête aka El día de la bestia dispose d’une atmosphère funky malgré l’horreur de sa situation. Dans sa narration, il s’agit davantage d’un film de potos unis contre le mal et mettant en scène une triade de bras cassés allant du curé affolé interprété par Alex Angulo à un hardos et fan de death metal du nom de José Maria (interprété par Santiago Segura) avant de se tourner vers le professeur Cavan (Armando De Razza), un charlatan et icône d’une émission TV sur les sciences occultes, censé savoir comment parler avec le Diable. Leur objectif étant de trouver l’endroit exact où cette naissance démoniaque aura lieu, c’est dans un climat de barbarie et de ville infestée par la violence que le trio fait le tour de Madrid afin de dégoter de plus en plus d’informations… Leur enquête délirante débute alors.

Obtenant par la même occasion le prix Goya du meilleur réalisateur pour l’année 1995, le cinéaste Alex de la Iglesia impose là sa patte. Décomplexé et satirique, l’artiste joue avec les codes du fantastique afin de nous offrir un pèlerinage tendax mais tellement hilarant ! Sous ses airs clownesques, Le Jour de la bête propose son lot de critiques sociales avec des questionnements sur la religion, sur la tolérance et sur le cycle de la violence dans un Madrid progressivement dévasté entre l’arrivée du diable sur Terre et les actions de la « Limpia Madrid », un groupe extrémiste, xénophobe et violent, qui fait sa loi dans les rues de la mégalopole européenne. C’est avec la mise en lumière des différences et des antagonismes entre ses protagonistes que joue ce film d’horreur dont la terreur se montre à la fois fantastique, religieuse, politique et sociale. L’incompréhension qui règne entre eux se transforme petit à petit en une touchante solidarité et ce, graduellement, jusqu’à l’arrivée de l’heure fatidique. C’est bien là la force de ce réal qui a cette étrange capacité de mêler une ambiance chaleureuse aux dialogues finalement très humains avec des atmosphères horrifiques oscillant entre menaces fantastiques et dangers du fascisme, le tout en faisant preuve d’une touchante complémentarité. Entre pétages de plombs et je-m’en-foutisme, l’homme d’église va se rendre compte que combattre le mal, ce n’est pas qu’une question de foi !


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