Après Vincent doit mourir de Stéphan Castang, Gueules noires de Mathieu Turi et Conann de Bertrand Mandico, la fin d’année 2023 du cinéma de genre français s’enrichie d’un nouveau métrage avec la sortie le 27 décembre de Vermines, un film réalisé par Sébastien Vaniček

  • Vermines, Sebastien Vanicek
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Ce métrange nous propulse dans la vie quotidienne des habitant·e·s d’un HLM parisien qui se retrouve soudainement infesté d’une horde d’araignées tueuses, très agressives et plutôt dégueulasses. Débutant sur une séquence en plein désert, ces mystérieuses aranéides se montrent dès les premières minutes du film extrêmement violentes. Capturées puis vendues aux plus offrants, elles échouent alors dans la capitale française en tant que marchandises. Pondant et se développant à l’intérieur du corps humain, elles grandissent en taille et en nombre à une vitesse grand V. Notre protagoniste principal, Kaleb (Théo Christine), un vrai fana de bestioles en tous genres ramène l’une d’elles au sein de sa collection. Un peu paumé suite au décès de sa mère et en froid avec son meilleur pote, il va devoir faire face à la menace arachnide et prendre certaines de ses responsabilités. Vermines traite, comme son nom l’indique, de la vermine. Ces espèces jugées trop proliférantes ou embêtantes qui se retrouvent soudainement contraintes de subir une élimination directe ou encore une stérilisation forcée, en bref une rectification de leur nombre par les autorités mises en place. Néanmoins, le propos du film ne se contente pas de mettre en scène un trafic d’animaux exotiques perçus comme potentiellement dangereux, il nous questionne aussi sur ce qu’on pourrait appeler le « délit de sale gueule » et la discrimination du gouvernement envers des classes économiques et sociales jugées inutiles ou inadaptées par les forces de l’ordre. Ainsi traité·e·s comme de la vermine, les protagonistes du film, Kaleb et sa bande de potes, se retrouvent enfermé·e·s, mis·es en quarantaine, dans un immeuble labyrinthique emplie de créatures à 8 pattes. La solidarité, le courage et l’ingéniosité seront leurs armes pour faire face à cette menace prédatrice. Rappelant le confinement lié à la pandémie de COVID 19 mais aussi les choix peu étiques du gouvernement envers les banlieusard·e·s, ce premier long-métrage de Sébastien Vaniček, originaire de Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis, mélange les genres et les thématiques si naturellement que cette œuvre fantastique et horrifique ne lâche rien de son humour ni de sa critique sociale et politique. Le réalisateur interroge son public et l’intolérance de notre société sans pour autant glisser dans la fable purement sociétale. Avec des effets spéciaux qui claquent, un rythme dynamique voire brusque, un casting plus que convaincant (on peut saluer les performances de Sofia Lesaffre et Lisa Nyarko lors d’une scène particulièrement éprouvante), son atmosphère effrénée ainsi qu’une bande son ardente (réalisée par Douglas Cavanna et Xavier Caux) qui dénote des films d’horreur traditionnels, Vermines saisit son public aux tripes et bouleverse le paysage cinématographique français de par sa qualité et son engagement.

Face à la menace arachnide, tou·te·s ces personnages vont devoir faire preuve de solidarité et de courage pour s’en sortir ! Évoquant à la fois la période du confinement suite à l’épidémie de COVID, le trafic d’animaux exotiques tout aussi bien que le « délit de sale gueule » dont sont victimes de nombreux·ses habitant·e·s de banlieue, le premier long-métrage du réalisateur natif de Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis, est une métaphore horrifique et politique qui ne sacrifie rien ni à l’humour ni à la dérision. Primé par les Prix du meilleur réalisateur et du Prix du meilleur film au Fantastic Film Fest d’Austin dans la catégorie horreur, le métrage déploie un parallèle symbolique entre les « banlieusard·e·s » et les araignées, tou·te·s deux traité·e·s comme de la vermine. Ainsi, l’auteur dénonce la xénophobie d’une société française de plus en plus intolérante tout en évitant de tomber dans les pièges des clichés et du manichéisme !

Présenté au Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg en septembre 2023 dans la compétition longs métrages fantastiques, le film de Sébastien Vaniček s’est vu encore une fois récompensé par le Prix du public confirmant ainsi ses qualités et l’intérêt qu’il peut susciter auprès d’un public français qui a tendance généralement à bouder les productions horrifiques françaises !

C’est donc à l’occasion du festival strasbourgeois, qu’une partie de l’équipe du film à accorder à Three Mothers Films un entretien dans lequel Sébastien Vaniček évoque ses influences filmographiques, les difficultés à trouver des financements ou encore l’intérêt que lui porte l’industrie cinématographique étasunienne.



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