Installez-vous confortablement, mettez-vous bien au chaud sous votre plaid ou votre couverture, prenez des petits trucs à grignoter car aujourd’hui, je vous propose de parler d’un film qui nous fait relativiser les notions de froid et de faim. Le Cercle des neiges, ou La sociedad de la nieve dans la langue de Shakira, est un film intensément douloureux pour les organismes et les esprits. Mais pas seulement. En relatant l’histoire des rescapés du vol Fuerza Aérea Uruguay 571, l’Espagnol Juan Antonio Bayona nous propose un film de survie profondément humaniste. 

Mi-octobre 1972, un avion transportant 45 passagers et membres d’équipage s’écrase en plein milieu de la Cordillère des Andes, à la frontière entre l’Uruguay et le Chili. 17 personnes moururent durant le crash ou très peu de temps après. Luttant contre le froid intense (on parle quand même de -20° voire -30° la nuit), la faim, les avalanches et les blessures, la survie des 28 rescapés va durer plus de deux mois. Le Cercle des Neiges raconte leur histoire.

En octobre 2023, lors de la présentation de son film à Paris, Juan Antonio Bayona a confié avoir interviewé tous les survivants du crash, accumulant plus de quatre cents heures de témoignages, afin de rendre compte au plus près de la réalité quotidienne de ces miraculés. Objectif atteint, l’expérience est immersive et inoubliable.

Alternant séquences époustouflantes et exploration approfondie des émotions des personnages, un souffle épique émerge de cette aventure exceptionnelle bien qu’évidemment dramatique. 

  • Le cercle des neiges, Juan Antonio Bayona, 2023
  • Le cercle des neiges, Juan Antonio Bayona, 2023

« Ce qui se passe ici, on ne peut pas le regarder avec nos yeux d’avant.« 

Mais cette mésaventure aérienne est restée dans les mémoires collectives pour une raison bien particulière : pour survivre, les rescapés ont dû manger les corps des victimes.

Ce thème délicat du cannibalisme est traité ici avec subtilité, exposant la dureté des scènes tout en évitant toute vulgarité à des fins sensationnalistes ou misérabilistes. 

La réalisation de Bayona est impeccable, nous secouant avec la même intensité que les drames successifs frappant ses héros. Des héros magnifiquement bien interprétés par un casting novice, inconnu mais hyper talentueux. 

Enfermés dans le huis-clos oppressant d’un abri de fortune (la carlingue de l’avion), la montée constante des souffrances se fait presque palpable, éteignant devant nos yeux les dernières braises d’une jeunesse innocente agonisante. Les noms et les âges des mourants sont égrenés, nous ramenant à la réalité du drame tout en jouant de manière sensible et astucieuse lors d’un tournant décisif de la narration. 

La chaleur d’une séquence symbolique absolument magnifique (la rivière) transperce les glaces pour s’emparer progressivement de l’intégralité de l’écran. 

Le final, d’une puissance émotionnelle irrésistible, nous fait vibrer magistralement.

Avec Le Cercle des neiges, on tient certainement dès cet hiver, l’un des meilleurs films de l’année 2023 ! Ce dernier est d’ailleurs disponible sur Netflix!