Alexandre Aja, ce n’est pas n’importe qui. Réalisateur, comédien, scénariste et producteur, excusez du peu. Il est connu du grand public pour son remake de La Colline a des yeux (2006), mais aussi pour le sous-coté Mirrors (2008) ou encore l’excellent Horns (2014). Ce n’est donc pas par hasard que j’ai choisi ce réalisateur et son Piranha 3D, sorti en 2010. Séduit par un script reçu après la sortie de Haute Tension (2003), il surfe sans vergogne sur la Piranhasploitation (oui ça vient de moi) qu’a lancé le film de Joe Dante, Piranhas, sorti en 1978, même s’il se défend d’en avoir fait un remake. Ce film, il l’a voulu moderne et résolument barré.

  • Piranha 3D
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 » Au lieu d’être écrit comme un film d’horreur, ce script était écrit comme une comédie, il était écrit comme American Pie, et il y avait quelque chose d’assez amusant, qui m’est resté un peu dans un coin de la tête.  » (Interview AlloCiné, 2010)

Plongeons donc dans les eaux troubles de Lake Victoria, où des étudiant·e·s lubriques et écervelé·e·s vont connaître le tragique destin de nourriture lyophilisée pour poissons.

Tout commence grâce à Matt, pêcheur grisonnant et très respectueux de son environnement, qui en jetant sa bouteille de bière dans le lac provoque l’apparition d’une faille libérant nos monstres aquatiques. Matt a tiré la chasse d’eau géante des profondeurs et disparaît, grignoté sans pitié par un banc de piranhas affamé.

Mais rien n’arrêtera le Spring Break, et avec lui l’arrivée de tout un tas de charmants personnages, comme Jake, notre héro, qui a autant de charisme qu’une tranche de pain de mie. Entraîné “malgré lui” dans une folle escapade sur un yacht en compagnie d’une équipe de tournage de film porno, au lieu de garder son petit frère et sa petite sœur. Vous les voyez venir, les embrouilles ?

Piranha 3D
Jake et Danni, deux personnages aussi complexes que la recette d’un gâteau au yaourt

La mère de Jake, Sheriff, et son équipier retrouvent le corps de Matt troué comme un emmental. Une équipe de scientifiques plonge donc à l’endroit de sa disparition, et découvre non sans horreur une flopée d’œufs de piranhas.

En parlant des piranhas, je dois avouer que leur design est plutôt réussi : on pouvait craindre que les effets spéciaux un peu datés soient catastrophiques, et dans un film où les créatures sont assez visibles à l’écran, force est de constater que nos frétillants antagonistes sont plutôt bien exécutés.

À en croire nos spécialistes, ils font partie d’une espèce préhistorique extrêmement agressive, et auraient survécu en pratiquant le cannibalisme. Charmantes créatures.

Piranha 3D
Tremblez, amateur.ices de petite friture, ceux-là ne vont pas se laisser capturer si facilement.

Après tout un tas de péripéties tragi-comiques dont je vous épargnerai la liste, le moment tant attendu, le grand massacre de fin arrive : les forces de l’ordre débarquent pour prévenir tout le monde qu’il faut arrêter de se baigner dans le lac, mais négocier avec des étudiants ivres c’est comme mettre un poisson préhistorique dans un lac et lui dire de ne manger personne : mission impossible. N’écoutant que leur envie de faire la fête, ils plongent de plus belle, et ça tourne en eau de boudin, car les piranhas arrivent et font un véritable carnage.

Et justement, il est là, le souci majeur du film : cette scène fait se rejoindre deux intrigues distinctes, à savoir le Spring Break, les bikinis à n’en plus finir, et le véritable film d’horreur, avec le massacre perpétré par les piranhas. Deux films qui cohabitent maladroitement pendant plus d’une heure, distillant ça et là des moments de suspense parfois très convaincants avec un humour gras, lourd, et clairement pas au niveau d’un American Pie qu’Alexandre Aja évoquait en parlant du script de Piranha 3D.

Mais je dois avouer qu’avec plus de 300 000 litres de faux sang utilisé et un Eli Roth qui perd – littéralement – la tête, cette scène est malgré tout ma préférée. Les morts sont inventives, les effets spéciaux sont plus que corrects, on obtient ce qu’on vient chercher dans un film avec des piranhas affamés : un véritable bain de sang.

Piranha 3D
Une fin de Spring Break mouvementée

Finalement, ils parviennent à faire exploser le bateau, détruisant avec des milliers de poissons affamés. Mais le scientifique qui a examiné les piranhas leur apprend qu’il ne s’agissait en réalité que de jeunes spécimens, et que leurs parents pourraient s’avérer bien plus gros et dangereux. Pour juger par vous-même, vous pouvez aller vous infliger le visionnage de Piranha 2 3D, sorti en 2012 et suite directe de Piranha 3D. Pour la petite anecdote, le titre original, Piranha 3DD, fait référence à une taille de soutient gorge. Vous savez maintenant ce qui vous attend.

En toute franchise, je ne suis pas fan des films d’horreur avec des animaux. Mais l’ennui et la méfiance du début de visionnage ont rapidement laissé place à l’irrépressible envie de voir toujours plus d’étudiant·e·s se faire dévorer par les piranhas, dans des mises en scène gores et pleines d’imagination dont Alexandre Aja a le secret (avec en prime quelques références bienvenues à Evil Dead).

Que vous soyez sensibles ou non à l’humour de Piranha 3D, prenez ce film comme ce qu’il est : un immense défouloir rempli de filles aux poitrines démesurées, de blagues plus ou moins douteuses, de créatures sauvages affamées qui déchiquèteront allègrement le moindre membre faisant trempette, le tout saupoudré d’une critique à peine voilée d’une jeunesse débauchée au sein d’une Amérique puritaine.


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