Booktopus. Rien que le nom fait sens. On sent cette passion dévorante pour la littérature se mêler à l’atmosphère sinistre et visqueuse des tentacules du Grand Cthulhu et de son univers horrifique. Découvert sur Instagram, mon intérêt a tiqué instantanément sur ce projet original de ce duo de bouquinistes adorables et motivé·e·s au service d’une librairie itinérante de l’imaginaire. Booktopus est une libraire d’occasion qui se penche tout particulièrement sur la littérature de genre (horreur, science-fiction, fantastique et thriller) pour la plus grande joie des fans du bizarre et de l’étrange !

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– Bonjour à toute l’équipe de Booktopus ! Déjà, pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre projet de librairie itinérante ?

Fred : Bonjour les 3 Mères, et déjà, merci de l’intérêt que vous nous avez portées, et pour la proposition de ce petit échange !

Booktopus est donc une librairie d’occasion itinérante, spécialisée dans la littérature de genre : horreur (principalement), mais aussi S.F., fantastique, et thriller. C’est un projet que nous avons monté à deux, en amoureux, avant tout par passion pour la lecture et le fantastique au sens large !


Nous sommes itinérants, dans le sens où nous n’avons pas de boutique physique, mais faisons le tour de différents types d’évènements : Festivals en tout genre (Horreur, Cinéma, S.F., Littéraire), mais aussi quelques marchés, des brocantes et conventions geek, des conventions de tatouages, enfin, partout où on veut bien de nous et où on imagine pouvoir trouver un public intéressé par ce qu’on propose (mais allez lire la dernière question, on va essayer de pousser le concept de l’itinérance un peu plus loin, j’en dis pas plus pour l’instant).

On propose aussi une boutique Vinted, pour continuer à satisfaire notre clientèle même quand on n’est pas en mouvement, et pour ceux qui ne peuvent pas venir nous voir sur les salons. On est en réflexion sur la création de notre propre boutique en ligne, pour pouvoir se détacher un peu des contraintes (assez peu nombreuses malgré tout) de Vinted, et créer notre petit univers en ligne (le site existe déjà, pour parler de nous via un blog fraichement créé et l’annonce de nos dates, mais nous n’y vendons rien : booktopus.fr).

Et depuis quelque temps, après avoir écumé nos premiers salons et rencontré plein d’autrices et d’auteurs, on s’est dit que c’était bien beau les livres d’occasion, mais on se contente souvent de mettre en avant des titres bien trop connus (coucou Stephen King, nos plus grosses ventes), auxquels finalement on n’apporte rien. Donc, on a voulu filer un petit coup de pouce à tous ces livres en auto & microédition qui peinent parfois à trouver de la visibilité, alors nous proposons maintenant sur le stand un petit espace librairie où nous mettons en avant certains titres qui nous ont plu.

– Comment est née cette belle idée ?

Fiona : Oula, vaste question qui demande que je recontextualise un peu le parcours professionnel.

Tout d’abord, je dois préciser qu’à la base, j’ai fait des études artistiques, puis en Métiers du Livre et du Patrimoine, j’ai obtenu mon diplôme de bibliothécaire en 2013. Quelques mois plus tard, j’ai rencontré Fred (mon binôme Booktopus) que j’ai rejoint dans sa Charente-Maritime natale.

À cette époque-là, nous avions déjà ce désir de travailler ensemble (étant un couple très fusionnel voulant tout partager). On n’a pas vraiment su trouver un compromis de boulot qui nous convenait à tous les deux. Fred s’est dirigé dans le web (après avoir bossé dans le social) et moi dans l’agriculture (la région étant essentiellement viticole). Plusieurs années se sont écoulées, un déménagement dans le Rhône est passé par là, et nous voilà rendus en 2021.

Épuisée physiquement par ces années dans l’agriculture, j’avais l’idée dans un coin de ma tête de changer de voie, mais pour quoi faire, je n’en avais aucune idée. Les livres me manquaient, et la culture au sens large, il faut l’avouer (après des journées de boulots éreintantes, je n’avais plus de force pour quoi que ce soit, et je manquais de stimulation mentale). J’adorais ce boulot, un boulot cher à mon cœur, mais il fallait le reconnaître, mon corps et ma santé étaient en train d’en pâtir.

J’ai bien songé à rechercher à nouveau un boulot en bibliothèque, mais c’était synonyme pour moi de manque de liberté et je n’arrivais pas à m’y résoudre (le fait d’être saisonnière m’offrait cette liberté).

Donc j’en reviens à cet hiver 2021, où dans le marché de mon village, devant la porte de notre maison s’est installé un bouquiniste (le Transfangornitain), et là, quel bonheur, quelle joie. Il faut que je précise que je n’ai jamais trop eu l’habitude d’acheter des livres neufs, chinant plutôt un bon tas de livres dans une brocante ou me servant dans les boîtes à livre.

Donc heureuse comme tout. À la même période, sur Leboncoin, je tombe sur un bouquiniste (Hannibal Lecteur) en SFFF [acronyme pour réunir les trois principaux domaines de la littérature dite « de genre », à savoir la science-fiction, la fantasy et le fantastique], et là je découvre toutes ces belles collections d’horreur qui me font vibrer, je deviens donc cliente. Ces deux découvertes sont, je pense, le point de départ. Je me rappelle que je disais à Fred :

« Regarde sa boutique, elle fait rêver », j’étais comme une pile, une folle, et Fred qui me lance :

« Ben, deviens bouquiniste, tu veux changer de métier.

– T’es malade, toi ! »

Donc la graine est plantée, ça germe, l’envie est là, mais les « couilles » pas du tout.

Je me rappelle très bien, le 31 décembre 2022, je prends enfin la décision de me lancer (juste dans ma tête), je l’annonce à mes amis, et je lance les festivités. Quelques mois plus tard, je fais un genre de petite formation bilan de compétence à Pôle Emploi et ce qui l’en ressort, c’est que je devrais être comptable ou thanatopracteur. Ahaha. On peut dire que je retrouve les deux dans le métier de bouquiniste horrifique. Il était aussi important pour moi de garder cette liberté, donc, d’être à mon compte, de créer mon entreprise.

Autre chose qui était importante, la notion « d’itinérance », de bouger, d’être dehors (quand on bosse quasi 10 ans dans l’agriculture, se retrouver enfermé, c’est compliqué). Et dernière notion, l’aspect financier. Il n’était pas question de prendre un énorme risque à ce niveau-là, en ouvrant une boutique, et encore moins question de travailler en ville (coucou la dépression).

Donc, une fois tous ces critères mis ensemble, ça matchait parfaitement avec le métier de bouquiniste et ça me permettait de renouer avec mes premières amours, les livres (coucou l’embryon de bibliothécaire).

J’ai recontacté les deux bouquinistes pour savoir s’ils étaient ok pour me parler de leur métier, de répondre à mes questions, ce qu’ils ont fait avec plaisir et bienveillance (mention spéciale à Hannibal Lecteur qui m’a vachement rassurée pendant que je faisais pipi dans ma culotte et m’a dit : « Vas-y, fonce, tu n’as rien à perdre, tu ne le regretteras pas », et quoi de mieux qu’un pro qui a foncé deux ans avant pour te rassurer).

Une fois le projet fixé définitivement à la fin du bilan, Fred m’annonce que le projet l’intéressait énormément, et que ça pourrait enfin être la réponse à ce qu’on cherche depuis 10 ans, un boulot qu’on partage, en lien avec notre passion commune. Ayant déjà un boulot, à son compte, il avait toute la liberté pour pouvoir participer également au projet sur son temps libre et m’aider si trop grosse charge de travail (ce qui a été très utile cet hiver quand j’étais clouée au lit, il a pu assurer quelques salons tout seul).

Quelques questionnements plus tard sur le travail en couple, et l’importance de respecter la place de chacun dans un projet à deux, on décide de se lancer.

Et un mois après, c’était parti, on a pris le camping-car et on s’est fait un petit voyage en Bretagne, où nous avons constitué notre premier stock sur la route (on est revenu avec 500 livres, je pense). Notre stock de départ, et ensuite, on s’est occupé de la paperasse, de la création de l’entreprise, etc., les trucs chiants.

Un mois plus tard, on commence notre premier salon au vide-greniers des Intergalactiques. Booktopus était lancé.

Ce qui est bien dans notre binôme, c’est que nous sommes assez complémentaires, Fred peut s’occuper des tâches administratives (je me transforme en véritable démon des enfers quand il s’agit de faire de l’administratif). Mais aussi des réseaux sociaux (je suis une vieille réac’ qui s’agace facilement avec les choses qui touchent à l’informatique et à internet, parce que je n’ai aucune patience avec les outils informatiques) et du site internet (il était développeur web, c’est pratique).

Je commence enfin à comprendre un peu comment fonctionne Instagram, je m’y mets tout doucement, j’aimerais à l’avenir un peu plus y participer.

Quant à moi, je vais davantage m’occuper de tout ce qui est référencement de nos livres, nettoyage, gestion du stock, mise en ligne sur notre boutique Vinted…

Et bien sûr, nous partageons à deux nos vagabondages à la recherche de livres pour le stand, et les salons, le meilleur.

– Comment les gens réagissent en vous découvrant ? Vous avez des anecdotes ?

Fred : On a dès le départ été très étonné, agréablement, par l’accueil qu’on a reçu sur nos premières dates. Nous n’étions que des « vendeurs de livres d’occasion », mais face à notre spécialisation, on a vraiment vécu une vague d’enthousiasme de la part des gens qui passaient sur le stand !

Fiona : Les gens sont chaleureux, emballés par le projet, il y a aussi ceux qui, comme moi, ont toujours rêvé de croiser un bouquiniste spécialisé, et qui nous offrent beaucoup de reconnaissance. Mais ça, j’ai remarqué que c’est souvent sur les salons non spécialisés « horreur », ça les étonne, et ils trouvent ça chouette. Sur un Bloody Week-end par exemple, bon, c’est la base, donc y’a pas forcément de réactions hyper enthousiastes (mais des gens contents de nous trouver quand même).


Fred : Et idem niveau pro, on est toujours accueilli à bras ouverts sur les salons pour lesquels on postule, on a eu la chance de n’avoir encore vécu aucun refus de candidature, et pour une première année de lancement, c’est vraiment une chance. On a immédiatement été intégré et accepté par les autres exposants, qui ont parfois leur stand sur les évènements depuis plusieurs années ! Que du bonheur !

Et vu que vous voulez de l’anecdote, on a vécu plein de choses, mais celle qui me fait le plus sourire aujourd’hui, s’est passée au Festival des Intergalactiques de Lyon, cette année, qui avait pour thème : « Du pain et des Jeux ». On venait de trouver dans nos chinages un bouquin, « Les Olympiades truquées », de la S.F. qui cause de sport que je ne connaissais pas, donc j’ai décidé de le mettre en avant sur le stand histoire de coller au thème du festival.

Jusqu’à ce qu’un couple passe devant le stand, et que j’aperçoive la femme montrer du doigt le livre à son mari… Je les interpelle, leur demandant s’ils connaissent le livre, et cette petite dame me répond très gentiment et avec un grand sourire : « Oh, et bien oui, c’est moi qui l’ai écrit ».

Voilà, j’étais en face de Joëlle Wintrebert. Ce livre n’est désormais plus dans nos stocks, mais dédicacé dans notre bibliothèque !

Fiona : Des anecdotes, moi je n’en ai pas, si ce n’est le premier salon qu’on a fait, ça m’a beaucoup fait rire, les gens n’ont pas arrêté de nous complimenter sur le logo, on a eu du « vous vendez des t-shirts aussi avec le logo » ou la palme « je vais me faire tatouer votre logo ».

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– Pouvez-vous nous dire quelles sont les belles parties de votre travail, mais aussi les difficultés à surmonter en tant que librairie itinérante ?

Fiona : Les bons côtés… Pour citer Otis : « Moi, si je devais résumer ma vie aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres, des gens qui m’ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j’étais seul chez moi. ».

Et pour nous, chez Booktopus, c’est ça aujourd’hui qui nous fait vibrer.

En commençant par les clients, que l’on rencontre sur les salons, voir leur plaisir de trouver leurs prochaines lectures, ou de trouver un bouquiniste spécialisé, se sentir utile. Recommander des choses, et inversement, se faire conseiller des lectures, parce que oui, il y a forcément des clients qui sont bien plus qualifiés que nous.

Mais aussi les rencontres « pros », les copains qu’on s’est faits en salons, sur les réseaux sociaux, les gens qu’on rencontre (coucou la Team Dream Warriors). Et ça fait plaisir de partager notre passion avec tous ces gens, parce qu’on était un peu seuls avec Fred, déjà, de base, nous sommes des ours, pas hyper sociables, timides, et les amis que nous avons ne sont pas « passionnés » d’horreur.

Donc ces gens que nous rencontrons, ça nous fait un bien fou, pourvoir échanger, sortir de notre tanière.

Et bien sûr, ce n’est que le commencement, il reste encore plein de belles rencontres à faire.

Pour illustrer ce sentiment, j’ai un exemple concret, du premier Bloody Week End que nous avons fait. Avec Fred, nous partageons pas mal de passions communes, que ça soit la musique, le cinéma, la lecture, les festivals de musique, les jeux vidéo, et à chaque fois qu’on se retrouve dans une convention dédiée à un de ces thèmes, y’a toujours un moment où je me dis : « Qu’est-ce que je fous là ? ». Pas assez geek pour les geeks, pas assez hippie pour les festivals, pas assez truc pour muche, et au Bloody, ce que j’ai ressenti, c’est d’être juste bien. Je me sentais à ma place, pour la première fois de ma vie, chez moi, à la maison, dans ma famille.

On était assis par terre sur les marches, et on s’est dit avec Fred, c’est là qu’on est bien, et on s’est lancé un défi : « L’année prochaine, on revient en tant que pro ». On voulait vivre l’évènement de l’intérieur. Pari tenu. On se sent hyper heureux et chanceux d’en être arrivé là.

Pour les difficultés, il n’y en a pas spécialement, si ce n’est trouver du stock, et c’est la partie la plus compliquée de notre boulot, parce qu’on dépend de la « chance » de ce qu’on trouve. Étant de niche, on ne peut pas se permettre d’appeler un grossiste et de lui dire : « Envoie-moi une palette de 1000 livres », et c’est bien dommage. Il faut tout chiner, partout où se vendent des livres, que ce soit dans des magasins, des recycleries, auprès de particuliers, on reçoit des dons aussi (la famille aide beaucoup). C’est énormément de temps, de déplacements, c’est la plus grosse partie de notre boulot.

[Note de Fred : même si c’est la plus grosse difficulté, ça reste plaisant de chiner, de chercher les bons livres, tomber sur la perle rare, des trucs qu’on ne connait pas. Je me sens pirate à la recherche d’un trésor, et y’a toujours une satisfaction quand on rentre.]

Et c’est surtout le trouver au bon prix. On ne peut pas acheter un livre vendu 2 euros, autant mettre la clé sous la porte. Au même titre qu’on ne peut pas vous vendre un livre 2 euros (coucou l’enfer du bouton « faire une offre » sur Vinted), ça, c’est compliqué, c’est 80% du temps sur Vinted, et c’est du temps consacré à expliquer aux gens qu’on ne peut pas accepter leurs offres à des prix si bas, nous sommes des pros, nous achetons les livres, nous avons des charges. Ils le trouveront au prix qu’ils souhaitent auprès d’un particulier. Certes, nous vendons plus cher qu’un particulier, et sur Vinted, les particuliers sont nos concurrents, donc c’est compliqué. Mais c’est aussi au client de jouer le jeu. Ce qu’on offre nous, sur notre boutique, c’est d’avoir un maximum de références dans les thèmes SFFF, plutôt qu’un particulier qui vendra certes, deux fois moins cher, mais aura seulement un livre intéressant.

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– Vous êtes donc spécialisé·e·s dans les livres d’horreur, ce genre de littérature est plutôt une « littérature de niche », pourquoi avoir choisi ce genre ?

Fiona & Fred : L’idée de départ n’était pas bien définie, on voulait être bouquiniste, laisser une grande place à une spécialisation SFFF, mais vendre « de tout », surtout qu’au début on prévoyait de faire les marchés de la région, tourner un peu autour de chez nous, alors on ne voulait pas faire peur à mamie qui vient acheter ses tomates avec nos magnifiques couvertures gores.

Ce qui ne s’est pas fait, car, 3 semaines après notre premier salon, Fiona s’est bloqué le dos, et est restée alitée pendant 6 mois. Vu qu’elle ne pouvait plus se déplacer, nous avons créé une boutique Vinted pour vendre en ligne (le seul boulot qu’elle pouvait faire, boulot compliqué, allongée, mais faisable).

Et en fait, après notre premier salon, et quand on a vu l’accueil (on avait qu’un stock SFFF) on s’est dit : « Merde, tant pis on en vivra pas, mais on a envie de kiffer jusqu’au bout, et ne pas s’emmerder avec les choses qui ne nous intéressent pas. ».

C’est de niche, oui, mais c’est ce qu’on aime, ce qui nous a rapprochés, ce qu’on partage depuis 11 ans. Tout le monde a déjà fait un boulot qui ne le rendait pas heureux, on veut plus, on veut juste aimer ce qu’on fait, et le partager à deux et avec vous, et on aime la niche.

Du coup, on a mis l’accent sur le fantastique et la SF et on ne regrette pas ce choix !

Et surtout, ça nous permet de venir en tant que pro, sur des salons où on serait venu en simple visiteur, et où on se serait probablement ruiné pour faire la route, donc autant joindre l’utile à l’agréable.

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– Vous pouvez nous en dire plus sur vos bouquins et films d’horreur favoris ?

Fred : Question difficile, qu’on se pose souvent avec Fiona, et dont la réponse ressemble souvent à un truc du genre « Mais c’est impossible de répondre à ça ! ». Mais je vais essayer de faire un effort pour vous !

En termes de livres, mon plus gros coup de cœur fut Je suis une légende de Richard Matheson. Alors je sais qu’il est plutôt rangé du côté de la S.F., mais pour moi, c’est quand même avant tout un livre d’horreur. On y cause finalement plus ou moins de vampirismo-zombie, et surtout, de l’horreur de l’humanité, de solitude (voire de dépression), bref, tout ce que j’aime. Et cette fin… Argh… Mais, par contre, ne me parlez pas de l’adaptation ciné « récente », avec Will Smith. D’ailleurs, il n’y a pas eu d’adaptation récente avec Will Smith !!!

À côté de ça, je suis plutôt grand lecteur de Stephen King, mais je n’arriverais pas à en citer un que je préfère (bon, si, Running Man, mais ce n’est pas de l’horreur), et je peux citer, comme ma chérie (on n’est pas en couple pour rien !), le Livre de Sang de Clive Barker, ou du Junji Ito (bon, je trouve parfois les histoires un peu cucul, mais visuellement, pfouah !). Va y avoir du 5150 rue des Ormes de Senécal aussi, et tellement d’autres… Et récemment, grâce aux différents salons qu’on a parcourus, on a justement pu découvrir plein de bouquins intéressants horrifiquement parlant. Je pense par exemple à Noir de Caroline Carton, absolument incroyable, ou Bienvenue à Sturkeyville et son ambiance très blackwaterienne.

Pour les films, c’est encore plus compliqué, j’en ai vu bien plus que je n’ai lu de livres. Mais on va rester sur du classique. J’ai un trio gagnant de mon enfance, les films devant lesquels ma mère m’a collé quand j’étais beaucoup trop jeune pour ça, mais qui m’ont bercé et ont clairement développé mon goût pour l’horreur : Le Retour des morts-vivants, Evil Dead, et Les Griffes de la nuit. On sort d’ailleurs du Stabathon, un marathon Freddy au cinéma, organisé par Mylène, de la chaine Youtube « Welcome to Primetime, BITCH », et c’était comme dans un rêve ! En plus, ils ont fait venir des tatoueurs sur l’évènement, donc maintenant j’ai la tronche de Fred Krueger sur le torse !

Je reste un amoureux des films de cette époque (
Brain Dead, Bad Taste, rhalalala), mais si je devais citer des coups de cœur plus récents, ce seraient certainement des films comme [•REC] ou Midsommar. Mais pfff… il y en a tellement d’autres, c’est quoi cette question !!!

Fiona : Je me rappelle avoir vu une vidéo d’un mec y’a pas longtemps (je ne sais plus le nom du compte) sur Instagram, qui disait : « Ne culpabilisez pas d’avoir une énorme PAL, voyez ça comme une armoire à pharmacie, ce sont plein de potentiels médicaments, et même si vous ne lisez pas tout de suite le livre que vous avez acheté cette semaine, il sera à disposition dans X années, quand vous en aurez besoin. » Et j’aime bien cette image, elle me parle, j’ai trouvé des réponses à des questions dans des livres ou des films, sur des difficultés que je pouvais traverser à certains moments de ma vie, et j’y ai trouvé des réponses, ou un réconfort là-dedans. Ça a fait écho.

Après, si je dois en citer quelques-uns, je n’ai pas d’auteurs « favoris », je ne suis pas la femme d’un auteur (oh putain, c’est tellement classe, j’avais envie de le caler une fois dans ma vie). [Notre de Fred : Sauf si je deviens auteur un jour :p ]

Quand j’étais ado, j’ai lu quelques classiques de la littérature dystopique qui m’ont beaucoup apporté, et qui, je pense, ont contribué à façonner l’adulte que je suis maintenant (Papa, Maman, si vous me lisez, vous aussi bien sûr ahaha) : 1984, Le Meilleur des mondes, Un bonheur insoutenable, etc.

La dystopie est un genre qui me tient à cœur, et qui est pas mal pour prendre conscience que l’horreur est humaine (et pas forcément surnaturelle).

En horreur/thriller dernièrement lu, je peux citer 5150 rue des Ormes de Patrick Senécal, ou Noir de Caroline Carton dans les auteurs rencontrés en salon qui m’a mis une sacrée claque (le livre, pas Caroline). Quelques Stephen King, le Livre de sang de Clive Barker, Les Montagnes hallucinées de Lovecraft, Psycho de Robert Bloch… etc. Certains mangas horrifiques de Junji Ito ou Kazuo Umezu (je ne vais pas les citer, y’en a beaucoup trop !). En films, pffiou, c’est de la torture ce que vous me demandez, y’en a tellement…

Comme Fred, assez fan du cinéma d’horreur des années 80 (bon, c’est nul, je vais mettre les mêmes que lui, mais Freddy, Evil Dead, Jeu d’enfant), mais ces dernières années Ari Aster, Rob Zombie… Et, en fait, je vais m’arrêter là, parce que ça n’a pas de sens, et que c’est injuste pour les 100 autres films que je n’aurais pas la place de citer.

Mais par contre, je peux parler d’UN truc, qui, je pense, est au fondement de TOUT mon amour pour l’horreur. La série Buffy contre les vampires (oui, je sais, ce n’est pas très original).

C’était une époque où je n’avais pas le droit de regarder des films d’horreur, j’avais 11 ans, je crois, et j’avais une copine qui elle, pouvait (coucou Nassima, si tu lis), je me rappelle qu’elle me faisait le résumé des films qu’elle regardait (y’avait du It, du Freddy, Le Dentiste) et ça me fascinait. Et j’étais tellement frustrée de ne pas avoir le droit de regarder ça, le goût de l’interdit…

Un samedi soir, elle est venue dormir chez moi et elle, elle regardait Buffy. J’ai demandé l’autorisation à ma mère (en insistant à deux, elle a cédé) et on a regardé l’épisode toutes les trois (ma mère n’arrêtait pas de me demander : « T’es sûre, t’as pas peur ? On coupe !) NON MAMAN STP ! Je m’en rappellerai toute ma vie, c’était l’épisode Le Puzzle (saison 2) et là, j’avais découvert un truc ! Bordel, qu’est-ce que j’ai aimé. J’ai eu l’autorisation de regarder la suite. Et je suis devenue une mordue de cette série.

Je viens de terminer, il y a une semaine, un marathon revisionnage, puis j’ai lu l’ouvrage Buffy ou la révolte à coups de pieu de Marion Olité (recommandation du copain Marc, d’Horreur News Podcast) . Quel plaisir !

J’ai compris à quel point cette série avait été le point de départ de ce que je suis et de mes goûts actuels (comme plein de monde, je pense, et plein de petites filles de ma génération).

[Note de Fred : elle aime aussi beaucoup trop les films de requins, même les plus mauvais. Chaque été, c’est la même rengaine, il faut qu’on trouve toutes les m*** qui sont sorties dans l’année pour les regarder avec le soleil estival. Heureusement, j’aime ça aussi (ouais, on aime quand même vraiment les mêmes trucs), mais y’a des films The Asylum parfois dans le lot T_T.]

  • Bad Taste
  • Buffy
  • Evil Dead
  • Fredd

– Auriez-vous une expérience de vie ou une anecdote personnelle à nous partager en lien avec œuvre horrifique ?

Fiona : Je pense que tout ce que j’ai dit dans le paragraphe précédent y répond. Sur les œuvres qui ont compté dans ma vie, et qui m’ont construite telle que je suis maintenant. Qui m’ont transmis des valeurs pour les dystopies, par exemple, mais aussi Buffy (et les thèmes que la série développe). Et bien sûr, le goût de l’horreur, du sang, des monstres, du latex (je parle de maquillage, hein !).

Fred : Une expérience de vie, oui, mais pas forcément en lien avec une œuvre horrifique, mais avec l’horreur au sens large. J’ai évoqué plus haut les films d’horreur que ma mère me montrait à un âge absolument pas adapté. Et ça a commencé avec L’Exorciste (comme beaucoup de monde à l’époque). Je devais avoir 9 ans, je pense, peut-être un peu plus. Il se trouve que mon beau-père était D.J. à l’époque, nous bougions donc assez souvent en fonction de ses contrats dans différentes boites de nuit. Et il fut une période où nous n’avions pas de logement assez proche de son lieu de travail, nous avons donc emménagé… dans le grenier de la boite où il bossait. Un bout du grenier était aménagé en similiappartement, mais pas assez grand pour tout le monde. Donc, nous autres enfants n’y avions pas de chambres. La seule pièce « à peu près convenable » pour servir de chambre se trouvait à l’opposé de l’appartement dans ce gigantesque grenier… C’était une vieille pièce aux murs tagués, au parquet à moitié arraché, et donc la vieille porte en bois, qui n’avait pas de poignée, était fendue sur toute sa hauteur, laissant assez d’espace pour voir à travers, et nous permettre d’observer ce grand grenier vide et non éclairé…

Je vous laisse donc imaginer un mioche de 9 ans, qui regarde des films d’horreur avec sa mère, et doit ensuite aller se coucher (parfois seul, famille recomposée, les frères et sœurs ne sont pas toujours là), en dehors de l’appartement, après avoir traversé ce grenier gigantesque et ses nombreuses pièces non éclairées, pour finalement s’enfermer dans une chambre qui ne ferme pas. Voilà, pendant ces quelques mois, ma vie a été le pire film d’horreur que j’ai pu voir 😀 (mais je n’en garde pas aujourd’hui un souvenir horrible, au contraire, mais vraiment une expérience qui m’a permis de vivre certaines émotions de manière très… vivante !)

– De votre point de vue, est-ce qu’il y a un message particulier à faire passer dans l’horreur ou au sujet de l’horreur ?

Fred : Je ne pense pas qu’il y ait UN message en particulier à faire passer à travers l’horreur.

Mais chaque œuvre vient souvent avec son message, peu importe le genre et le support d’ailleurs : que ce soit pour dénoncer des choses, parfois même de manière clairement militante, pour parler de sentiments et d’émotions, et les explorer en profondeur, pour évoquer des expériences de vie, etc. Et l’horreur est justement parfaite pour ça, on est tout de suite dans l’imaginaire, ce qui laisse la porte ouverte à toutes les métaphores possibles et imaginables.

Alors oui, on peut aussi faire de l’horreur dans le simple but de faire « frissonner » et d’aller chercher chez le lecteur ou le spectateur des émotions qu’il n’a pas forcément l’habitude de ressentir au quotidien, il y a évidemment un côté pur roller coaster dans l’horreur, mais quel meilleur moyen qu’une œuvre horrifique pour critiquer, justement, ce qu’on trouve horrible (et ça peut aller d’une vision de notre magnifique société de surconsommation, à la cruauté humaine et l’égoïsme qui peut surgir face à une quelconque difficulté de vie, ce ne sont pas les thèmes qui manquent !).

Oui, l’horreur peut être un parfait exhausteur de goût de ce qui compose le monde, le beurre au fond de la poêle, mais pour un plat qui ne serait pas très bon (pour chercher à le rendre meilleur ? Pas forcément !)…

Fiona : Assez d’accord avec tout ce que Fred a mentionné, donc je ne vais pas faire doublon. Je reprends pour exemple Buffy (encore désolée), parce que c’est encore frais dans ma tête, qui a beau être une série d’horreur, mais qui a pu développer pleins de thèmes quand on lit le sous-texte, l’occasion de parler de féminisme, de discrimination, de patriarcat, d’identité de genre, autant de sujets de société qui ont fait l’essence de la série.

Après, en plus du « message » je me pose souvent la question du « pourquoi », c’est une question que j’aimerai creuser, lire des choses, voir des interviews… Je me la pose pas mal ces derniers temps, surtout depuis la création de Booktopus. On dit souvent que cela sert « d’exutoire » à nos peurs les plus profondes, alors je ne sais pas si c’est le cas ou pas pour tout le monde, mais c’est quelque chose que j’ai pu vérifier chez moi. Je sais que l’horreur au sens large m’a permis de traverser certaines périodes de ma vie plus sereinement, et c’est à des moments compliqués que ça a pris toute son importance dans ma vie. Ce n’est pas qu’une histoire d’aimer voir de beaux maquillages, de beaux effets spéciaux, du sang, des tripes, des personnages fous.

– En tout cas, votre projet est juste incroyable ! Qu’espérez-vous pour l’avenir ?

Fiona : Et bien, je dois déjà dire que tout ce que j’espérais s’est déjà accompli en 10 mois d’existence de Booktopus, sachant qu’en plus, j’étais clouée à mon lit et incapable de bosser durant 6 mois. Tout ça me paraît incroyable.

Rencontrer les clients sur les salons, être acceptés partout par les organisateurs, être intégrés par les autres pros du milieu dans cette grande famille, accueillis à bras ouverts, on s’est fait des potes, on a été salué pour notre projet, on a eu une certaine reconnaissance de la profession sur les salons. Donc tout ça en même pas un an, c’est juste incroyable ce qui nous arrive, et là une interview ahaha. Ça n’a pas de sens, ça va bien vite.

La seule chose qui pour l’instant pêche un peu serait de se dégager un salaire correct, ce qui n’est pas encore un objectif atteint, mais là encore, je ne m’en fais pas. Cela ne fait même pas encore un an que nous existons, nous n’avons pas encore parcouru tous les salons, nous n’avons même pas encore connaissance de tous les salons qui existent. Pas encore rencontré tous les potentiels clients. Nous attendons avec impatience le Frissons Festival de Reims, qui est pour le coup, le salon qui match le plus avec notre activité (un salon dédié à la littérature horrifique, on ne peut pas faire mieux). On a quand même été limité par mon état de santé depuis la création de l’entreprise, alors Booktopus fonctionne au ralenti depuis le début. Ce n’est pas de bol, mais c’est comme ça. Donc j’espère pour l’avenir que la santé aille mieux pour pouvoir enfin profiter de notre activité (il faut reconnaitre que ça a été sacrément frustrant pour moi d’être limité comme ça au démarrage du projet).

Fred : On espère vendre des livres. Non, j’déconne. Blague à part, merci pour le compliment glissé dans cette dernière question ! On espère plein de choses, et vous savez quoi, vous allez plus ou moins être officiellement les premiers à qui on va en parler. L’exclu Booktopus.

Dans un premier temps, on vise un projet simple, à la mode, et dans l’ère du temps : une chaine Twitch ! De mon côté (Fred), je pratiquais déjà un peu, à petites doses, pour le plaisir d’échanger avec des gens autour du jeu vidéo. Mais avec l’arrivée de Booktopus, j’ai eu envie de pousser le concept un peu plus loin, cette plateforme offrant quand même quelques possibilités. Donc on envisage de créer cette chaine (Looktopus, vise le jeu de mots !), pour se rapprocher un peu de la communauté des fans d’horreur (et de S.F.), des gens qui commencent déjà à nous suivre sur les réseaux, etc. Ce ne sera pas forcément axé que jeu vidéo, on voudrait aussi pouvoir y proposer des lectures (les livres, toujours les livres), que ce soit des œuvres du domaine public, des nouvelles proposées par les auteurs qu’on rencontre, ou par les gens qui nous suivent, des creepy pasta, etc… Et on souhaite aussi organiser, en tant que deux grands fans du Trivial Pursuit (on a la version horrifique à la maison), des soirées quiz ! Que ce soit pour s’amuser, ou pour faire gagner des lots. D’ailleurs, au lancement (qu’on espère dans les prochaines semaines), il y aura sûrement un quiz avec un très joli lot à gagner. Je n’en dis pas plus. Mais y’a une histoire de recueils de nouvelles. Et de malédiction. Mais chuuuut…

Fiona : On commence aussi à reprendre en main le site internet, qui pour l’instant nous servait de site vitrine, avec nos contacts, les liens vers nos réseaux sociaux, etc.

On commence à y mettre des articles, des reviews de livres (sans prétention, sans se prendre la tête à vouloir faire de beaux textes, du brut, on écrit comme on parle) et pourquoi pas partager d’autres choses, parler de cinéma, on ne sait pas encore comment cela va évoluer.

Et comme le disait Fred, on aimerait à terme, en faire une boutique, pour s’affranchir de Vinted. Rien n’est sûr, on fait les choses petit à petit, et on verra où tout ça nous mène.

Et pour la réponse blague, je me suis fixé un objectif rigolo, j’ai dit un jour en déconnant avec des copains que le but ultime de Booktopus, ce serait de passer dans les Nouilles Rampantes. Quand j‘aurai atteint cet objectif, je pourrai mourir en paix.


Fred : MAIS SURTOUT ! Le vrai projet qui nous tient à cœur pour la suite, celui que j’ai rapidement évoqué tout en haut en réponse à la première question, c’est de devenir « réellement » itinérant. Ne plus forcément dépendre des salons, des dates, et de leurs lieux. Et pour ça, on envisage l’achat d’une caravane, pour la transformer en véritable librairie mobile, et partir sur les routes de France, de Belgique, à la rencontre de ceux qui ne peuvent se déplacer, et peut-être offrir à certains endroits un peu reculés un petit bol d’horreur à domicile. Et pour cette caravane, on a plein d’idées, en plus, évidemment, des bibliothèques de livres à vendre : cabinet de curiosité, œuvres d’artistes à faire découvrir (dessin, sculpture, musique), et peut-être même diffusion de film en plein air. On en est qu’à la phase de réflexion, mais on est déjà surmotivés.

Et sinon, ben continuez à kiffer, participer à plein d’évènements, et rencontrer plein de gens, ça sera déjà pas mal !

Merci à vous ! Et désolé pour toutes les références à Buffy !

– Un énorme à vous deux d’avoir pris le temps de nous conter cette aventure très passionnée !


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