Le film culte du maestro italien Aristide Massaccesi alias Joe D’Amato, retrouve une deuxième jeunesse grâce au Blu-ray édité par Vidéo Popcorn.
« Un groupe d’ami·e·s en vacances prennent un bateau pour visiter une île… iels se rendent vite compte que cette dernière est déserte. Or, un dangereux cannibale semble les traquer… »
Nouveau venu dans la famille des éditeurs de films de genre au même titre que Academy Video, Vidéo popcorn propose aux fans de sensation cinématographique forte, une nouvelle version Blu-ray du sulfureux Antropophagus !
S’inscrivant dans le courant des Cannibal Movies au même titre que Emanuelle et les Derniers Cannibales, autre œuvre de D’Amato ou encore le cultissime Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato, l’œuvre du réalisateur transalpin a sans aucun doute marqué, d’une manière indélébile, les esprits de tou·te·s les cinéphiles !
Pour inaugurer la sortie de son premier Blu-ray en tant qu’éditeur, Vidéo Popcorn a eu l’amabilité de se prêter à un entretien.
Entretien avec l’éditeur du Bluray Antropophagus, Vidéo Popcorn
Pouvez-vous vous présenter et dire aux lecteurs·trices comment est né Vidéo Popcorn Éditions ?
Nous sommes Thomas Pacini (Président des éditions Vidéo Popcorn) et Nicolas Huard (Directeur général des éditions vidéo Popcorn). Deux amis de longue date, on s’est connus à l’époque au Virgin Megastore, on y travaillait ensemble dans la section vidéo. Passionnés de cinéma, nostalgiques de l’époque Vidéoclub, nous ne pouvions que nous entendre.
Le nom de votre structure d’éditions et de distributions semble renvoyer au cinéma des années 80 et plus particulièrement au marché de la VHS et des vidéoclubs qui ont été déterminants pour donner ses lettres de noblesse au cinéma de genre. Est-ce bien le cas et si oui, pourquoi avoir fait ce choix ?
Si on était dans les années fin 80 début 90 aujourd’hui, on aurait ouvert un vidéoclub et on l’aurait certainement appelé Vidéo Popcorn ! Les vidéoclubs de quartier ont été un élément fondateur de notre cinéphilie. À travers notre société d’édition nous voulons essayer de retrouver cette ambiance si particulière avec des films oubliés qu’on ne trouvera jamais sur les plateformes de streaming.
Qu’est-ce qui vous a amené à éditer le film Antropophagus comme premier projet ? Que pensez- vous du film et de son réalisateur, tous deux cultes chez les fans de cinéma d’horreur ?
Avant de démarrer cette activité, on avait, bien sûr, une liste de films en tête qu’on aurait voulu éditer. Une très grande liste ! Antropophagus était bien sûr inclus ! De ce fait, quand on l’a trouvé dans l’un des catalogues italiens, on n’a pas hésité un seul instant. Antropophagus est un film unique en son genre, de par son atmosphère, sa musique, ses scènes et surtout son réalisateur qui est tout aussi unique ! Unique dans sa carrière, dans sa façon de travailler, de concevoir le cinéma. Joe D’Amato était un cinéaste comme on n’en fait plus et Antropophagus est un film comme on n’en fait plus !
Comment s’est déroulé le processus d’acquisition des droits du film ? Quelles ont été les plus grandes contraintes dans la création de ce Blu-ray et comment les avez-vous surmontées ?
L’acquisition des droits du film s’est parfaitement bien passée avec l’ayant droit, rapide et efficace. On a vu Antropophagus dans la liste, on a dit « combien ? » Et on les a achetés immédiatement ! Cela dit, pour la création du Blu-ray c’était très compliqué. C’était notre première fois, on y connaissait rien. D’abord l’ayant droit nous a passés un master pas franchement terrible, il n’avait pas la VF du film donc, on a dû la trouver, la synchroniser, etc. Notre encodeur a réussi à sortir du DTS HD 2.0 dessus : un miracle ! On a également demandé de l’aide à Oliver Bachle boss de Bach Films pour rehausser la qualité du master. On n’a pas choisi le film le plus simple pour nos débuts, ça c’est sûr, mais en même temps c’était très formateur pour nous, car nous avons appris énormément de choses. On a voulu également acquérir les droits de l’affiche originale du grand Enzo Scioti, c’était très important pour nous de l’avoir !
En général, est-il facile ou non pour un éditeur indépendant de convaincre les ayants droit à accepter de céder leur droit pour une édition en Blu-ray/DVD ?
Oui c’est très simple. Ce qui est compliqué, c’est de trouver les catalogues des ayants droit et surtout les films qui nous intéressent. Une fois trouvés, c’est une simple question de transaction financière. Les droits sont à vendre et nous on veut les acheter. Alors évidemment c’est une sorte de location, pour Antropophagus nous avons les droits d’édition vidéo pendant 5 ans ensuite c’est fini.
Y a-t-il des particularités dans la conception d’un Blu-ray/DVD pour un film tel que Antropophagus, notamment en ce qui concerne les visuels, les bonus et les emballages ?
Non pas vraiment. On a choisi les visuels qu’on voulait mettre en avant et on s’est occupé de toute la conception visuelle de l’édition. Affiche originale sur l’étui, tout le visuel au dos ainsi que les visuels du digipack avec les photos qu’on aimait. Il faut savoir aussi que, généralement, quand on achète les droits d’un film, on peut également récupérer du matériel promotionnel, comme affiche, photos, etc. Sur Antropophagus, il n’y avait pas l’affiche, nous avons dû acheter les droits à part. Mais, en contrepartie, on a eu plein de photos que nous avons pu exploiter sur l’emballage et pour faire des Lobby Cards. Pour les bonus, c’est encore autre chose. Nous avons voulu acheter les bonus de l’édition Severin Films, mais ils étaient beaucoup trop coûteux pour nous qui débutions. Nous avons donc contacté David Didelot pour qu’il nous écrive un texte pour le livret et Arnaud Bordas pour un module vidéo passionnant. On se débrouille comme on peut avec nos moyens et on essaie toujours de faire au mieux.
Pouvez vous nous parlez de votre collaboration avec David Didelot, théoricien du cinéma et grand connaisseur de cinéma de genre, et comment a-t il était amené à participer au livret qui accompagne le
Blu-ray ?
Nous l’avons contacté d’abord en lui disant que nous allions sortir Antropophagus en Blu-ray. Il était bien évidemment très emballé, donc on a bien sympathisé et on lui a demandé s’il était intéressé pour nous écrire quelque chose dans le livret. Il a accepté et a écrit le texte en quelques heures… C’est un vrai passionné du cinéma de Joe D’Amato et il nous a apporté énormément d’aide et de soutien pour toute la réalisation de ce projet.
Dans certaines versions françaises du film, des scènes avaient été enlevées à cause de la censure et celles-ci n’avaient pas été doublées en français. Qu’en est-il de la version que vous proposez dans ce Blu-ray ?
Bien sûr, la version que l’on propose dans notre Blu-ray est la version intégrale. Dans ce cas de figure, il n’y a pas vraiment le choix, nous sommes obligés de sous-titrer les scènes supplémentaires propres à cette version.
Pouvez-vous nous raconter une anecdote sur ce premier projet ?
On ne sait pas si c’est une anecdote, mais nous, on a choisi Antropophagus juste parce qu’on adore ce film et il se trouve que dans le monde de l’édition française 2024, c’était un peu l’année D’Amato. Avec d’autres éditeurs qui sortent Blue Holocaust ainsi que Horrible et également l’excellent documentaire sur Joe D’Amato, Inferno Rosso. Ensuite, alors bien plus malheureux par contre, mais pendant la création du bonus vidéo avec Arnaud Bordas, on a appris le décès de l’actrice principale d’Antropophagus, Tisa Farrow. Vraiment étrange cette année-là…
Quels sont les plus grands défis à relever pour un éditeur de Blu-ray/DVD indépendant à l’ère des plateformes VOD et du streaming ?
Le défi c’est de proposer une belle édition, un bel objet, faire du mieux qu’on peut et surtout se dire qu’on fait ça par passion. On ne voit pas trop ça comme un business ! On veut s’amuser et éditer des films qui nous passionnent. Les plateformes de streaming ont leur place, le support physique l’a aussi !
En quoi le marché des DVD est-il encore attractif pour le public ? Et pensez-vous que le format Bluray/DVD peut répondre aux attentes des fans de films de genre qui sont souvent assez exigent·e·s par rapport aux versions des œuvres cinématographiques ?
Les fans de films de genre sont effectivement très exigeants, très acharnés, très passionnés, c’est d’ailleurs pour cela que le support physique se vend encore, car il répond généralement à leurs attentes qui sont déjà d’avoir l’objet, plus une qualité d’image et de son impeccable, des bonus, etc. Après, malheureusement, on ne peut pas répondre à toutes leurs attentes. Nous sommes une petite structure et le marché en France n’est pas le même qu’aux États-Unis. Là-bas, ils peuvent vendre des palettes d’Antropophagus en un rien de temps ! Ici, en France, si on en vend 1000 c’est déjà beaucoup ! Entre ce qu’on veut et ce qu’on peut, il y a de la marge, hélas ! On fait avec notre budget et le marché en essayant de répondre au mieux à leurs attentes.
Votre premier projet et le deuxième ont fait et font l’objet d’un financement participatif. Quelle est d’après vous l’importance du public dans l’existence de projet tel que le vôtre ?
C’est important, car c’est fédérateur. Nous sommes une niche de passionnés de cinéma d’horreur et de support Bluray. Alors, il faut que ce soit une aventure commune, qui embarque cette communauté dans la réalisation de ce projet. Clairement sans le financement participatif et donc les contributeurs, on ne peut pas réaliser le projet !
Vous avez dévoilé récemment le film qui fera l’objet de votre deuxième édition : The Borrower de John McNaughton. Pouvez-vous nous dire comment s’est porté votre choix sur ce film et nous dire comment s’est déroulée l’acquisition des droits ?
Même chose que pour Antropophagus. On l’a vu sur un catalogue, il était sur notre liste. C’était un peu plus compliqué avec les Américains, un peu plus long pour valider l’acquisition, mais ça s’est très bien passé tout de même !
Quel film rêveriez-vous d’éditer si vous en aviez la possibilité ?
Il y en a tellement, tellement…
Quels sont vos films/réalisateur·trice préférés ? Et votre genre/sous-genre de cinéma préféré ?
Nos films préférés c’est pareil il y en a un sacré paquet : Les Dents de la mer, La Mouche, The Thing, Blow Out, Taxi Driver, Terminator, Mad Max 2. Il y en a tellement… En réalisateur ? Et bien, Spielberg, Scorsese, De Palma, Kubrick, James Cameron, Hitchcock… La liste est longue. Notre genre préféré, c’est clairement l’horreur, on pense que c’est d’abord ce genre-là qui nous a fait aimer le cinéma quand on était enfant et puis des magazines comme Mad Movies et Starfix.
Le choix de vos deux premiers projets vous place parmi les éditeurs spécialisés dans le cinéma de genre. Dans l’idéal, que voudriez-vous que signifie Vidéo Popcorn pour les films de genre et son public ?
Ce que doit signifier Vidéo Popcorn ? C’est le bon petit film qu’on se regarde avec de la bonne bière, une pizza ou un saladier de popcorn, le samedi soir.
Pensez-vous vous spécialiser uniquement dans le cinéma de genre et si oui, pourquoi ?
On ne sait pas trop encore si on va se spécialiser dans une catégorie ou pas. Ce qui est sûr, c’est qu’on va rester dans l’horreur un bon moment, après on verra.
Comment voyez-vous l’avenir de Vidéo Popcorn ? Au-delà du projet The Borrower, pouvez-vous nous parler de vos projets à venir si vous en avez déjà ?
On ne fait pas trop de plan sur l’avenir, on espère continuer ainsi à éditer des films tout en rentrant juste dans nos frais, ça serait déjà super. Il y a plein de films qu’on a repérés, on a quelques pistes pour le 3e, mais rien n’est encore validé.










Laisser un commentaire