La série Archive 81 (Rebecca Sonnenshine, 2022) nous plonge dans un univers d’épouvante et d’investigations paranormales sur fond d’horreur analogique. Coproduite en partie par James Wan (Saw en 2004, Insidious en 2011, Conjuring en 2013 ou encore Malignant en 2021), Archive 81 est un drame/thriller usant allégrement d’éléments fantastiques afin de retourner le cerveau de son public ! Inspirée à la base par un podcast éponyme, l’œuvre conte deux récits en parallèle : celui qui se déroule à l’époque contemporaine, en 2021, mettant en scène un technicien de l’image du nom de Dan Turner (Mamoudou Athie) et l’histoire de Melody Pendras (Dina Shihabi) en 1994, une étudiante en Anthropologie sociale qui débarque dans un immeuble new-yorkais pour se renseigner sur les mœurs, les façons de vivre et les récits de vie de ses occupant·e·s. Dans le cadre de son travail de spécialiste du numérique, Dan est contacté par LMG, une grosse entreprise, pour restaurer d’anciennes bobines sur lesquelles apparaissent Melody et sa quête de vérité. Néanmoins son employeur Virgil Davenport (Martin Donovan) est clair : l’homme doit réaliser cette mission seul dans un complexe sécurisé à la campagne. La documentaliste, quant à elle, semble avoir des raisons plus personnelles, autre qu’universitaires, pour pousser ses fouilles dans l’immeuble du Visser. La collection de VHS devient alors le médium qui permet des croisements entre les époques, mais aussi le support qui permettrait de résoudre le mystère. Peu à peu, Dan prend conscience d’étranges coïncidences, trop importantes, pour que son travail de numérisation ne soit qu’un hasard. Se confrontant aux non-dits de son patron, il continue alors les investigations à l’aide de son meilleur ami, Mark (Matt McGorry), podcasteur d’histoires paranormales. Ils comprennent dès lors que la famille de Dan et celle de Melody étaient liées aux étranges événements ayant conduit à l’incendie qui ravagea le Visser en 1994, ce bâtiment presque vivant, hanté, possédé, qui semble murmurer des choses secrètes à sa communauté. Bref, un immeuble de l’enfer.

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Disponible sur Netflix, Archive 81 nous parle de délires sectaires et de puissances occultes avec une esthétique qui emprunte à l’horreur analogique, à la The Ring. Au travers de l’exploitation de ces images granuleuses et inexplicables, Dan se retrouve isolé aussi bien physiquement que psychologiquement au sein de ce gros complexe vide. Le médium contribue ici à renforcer un malaise grandissant et intemporel. Même si le support n’est pas maudit en tant que tel comme dans le célèbre film de Hideo Nakata, il apparait comme une porte, un passage, entre les époques, mais aussi parmi les mondes. Ces cassettes forment le lien matériel et psychique entre le passé en 1994 et le présent en 2021. La peur que le technicien ne découvre au fur et à mesure des visionnages des choses terrifiantes et incompréhensibles est tangible et le voile entre les époques et les mondes se fait de plus en plus fragile. Une sorte de fissure dimensionnelle se dégage alors tandis que les protagonistes en apprennent davantage sur les agissements suspects de Samuel (Evan Jonigkeit), un genre de chef spirituel du Visser, et la société secrète des Baldungs, des espèces de sorcières des temps anciens.

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Cette enquête paranormale sur deux temporalités différentes se concentre sur un lieu : l’immeuble du Visser dans lequel un sombre culte semble se réunir, une curieuse moisissure provenant d’un autre monde plonge ses habitant·e·s dans des délires fanatiques et addictifs. L’art y apparait comme un terrain propice à l’occultisme, l’esthétique rétro est bien maitrisée et les bobines distordues rendent compte d’un passé mystérieux et angoissant figé et pourtant bien vivant grâce à la connexion qui existe avec les deux protagonistes.

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Archive 81 emprunte aussi à l’horreur lovecraftienne avec sa déité, Kaelego, une sorte de dieu-démon d’origine inconnue, et à travers cette folie insidieuse qui semble prendre possession des protagonistes, transformant leur curiosité en une véritable obsession, « le journal de Robert Blake » étant remplacé par de vieilles bobines capricieuses.

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Entre immeuble hanté, investigation paranormale, culte démoniaque et thriller oppressif, Archive 81 met les sociétés secrètes et l’occultisme au centre de sa narration tout en ajoutant une pierre à l’édifice de l’horreur analogique !

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