Avec Fascistes sur Mars, le comédien et humoriste italien Corrado Guzzanti co-réalise, avec Igor Skofic, un film parodique dans lequel le Hiérarque Barbagli et ses hommes arrivent sur Mars pour conquérir l’horrible « planète rouge, bolchevique et traître » pour la gloire du Duce et du régime fasciste !
Bientôt, en plus d’affronter les manques d’air et d’eau, les « courageux » fils de la louve devront faire face aux pernicieux « Mimimmi », des ennemi·e·s qui se révèlent être… de gros cailloux ovales ! Mais l’impassibilité de ces créatures qui refusent l’autorité de Barbagli et de ses hommes ainsi que les conditions de plus en plus difficiles sur Mars vont rendre peu à peu fous les « conquérants » fascistes !

Réalisé en 2006, le métrage de Corrado Guzzanti, qui interprète Barbagli, et de Igor Skofic se déploie sur un ton semblable à celui employé par Benito Mussolini et aux actualités fascistes de l’époque avec une voix off omniprésente qui commente l’action. Celle-ci tente, tant bien que mal, de faire passer la stupidité et le ridicule des actions de Barbagli et de ses soldats pour des actes héroïques ! La voix contredit et déforme ainsi la « réalité » pourtant bien visible aux yeux des spectateur·ices et cela sonne terriblement d’actualité dans l’ère de la « vérité alternative ».
Avec ses mimiques grotesques calquées sur celles, non moins bouffonnes, du dictateur italien, le Hiérarque Barbagli s’acharne à motiver sa troupe de Chemises noires, mais en vain ! Le moral de ses hommes s’évapore tel le peu d’eau que ces fascistes de l’espace réussissent à trouver sur cette planète qui résiste d’une manière insolente à la marche triomphale et civilisatrice du nouvel empire (galactique) romain ! Incapables de reconnaître leurs erreurs, ces conquérants de pacotilles s’acharnent à voir dans les éléments naturels des ennemis qui conspirent contre eux !

Le cinéma comme arme politique
N’hésitant pas à citer des classiques du cinéma tels que La liste de Schindler de Steven Spielberg, 2001, l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, ou encore Le Dictateur de Charlie Chaplin, les deux auteurs, malgré un manque de moyens évident, livrent un pamphlet politique sur le ton de la dérision dans la grande tradition du cinéma italien des années 60 et 70, rappelant en cela La Marche sur Rome de Dino Risi ou encore Nous voulons les colonels de Mario Monicelli. Comme ces deux films, Facisti su Marte opère à travers l’utilisation de l’humour à une « désacralisation » de la « vérité fasciste » et plus largement des discours politiciens souvent prompts à déformer la réalité des faits pour la plier à leurs intérêts !
Guzzanti et Skofic s’adressent aussi aux (trop) nombreux·ses nostalgiques de cette sombre période de l’histoire de la péninsule et qui auraient oublié, mais évoquent tout autant la situation politique de l’époque où le film a été produit; à savoir celle d’une démocratie italienne déjà moribonde (elle va connaître pire), avec des gouvernements dominés par l’alliance entre la droite entrepreneuriale de Silvio Berlusconi et divers partis d’extrême droite !
Le fascisme, régime de mort qui exige l’obéissance au chef et la mise au pas des esprits et des corps pour servir les intérêts du régime n’est en réalité que l’instrument d’une élite socio-économique, toujours la même qui a cette grande capacité de traverser sans encombre et de s’accommoder de presque tous les régimes politiques ! Et si les bouffonneries de Barbagli se prêtent légitimement, dans une fiction, au rire du public, il ne faut pas oublier que contrairement à l’adage, le ridicule fasciste tue !




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