C’est en s’inspirant du célèbre Candyman, figure du mythe urbain mêlant peur et fascination, que Violaine de Charnage nous livre sa propre version terrifiante et émotive sous le titre de Candygirl.

La nouvelle, disponible dans le recueil La Vilainologie II (2022), débute avec une courte introduction du personnage de Danielle dite Dany. Cette femme, au poids à trois chiffres, réalise son rêve en ouvrant un magasin de bonbons. Mais voilà qu’à l’âge de 40 ans, sa vie bascule du jour au lendemain. En poursuivant des enfants qui lui ont volé des bonbons, Dany se verra mourir percutée par un camion.
Commence alors la deuxième narrative de l’histoire, suivant les cinq enfants aux mains d’ombres, rongés par leur acte. Le personnage principal devient alors la petite Hélène, dont le poids accueille les moqueries.
L’horreur commence lorsque Lola, Céline, Nicola, Sébastien et Hélène se retrouvent, et pour passer le temps, entament avec insouciance un jeu dangereux : ils prononcent le nom de Candygirl 3 fois dans un miroir.
Au fil des nuits, chaque enfant se verra un à un faire d’affreux cauchemars, transformés en véritable théâtre sombre et violent d’une mort atroce. La seule survivante est Hélène, qui devient alors la nouvelle Candygirl.
Une critique sociétale sournoise
Par cette écriture légère et naturelle, Violaine de Charnage dénonce les fléaux sociétaux qui se logent dans notre monde actuel. Elle entreprend une critique abstraite de la grossophobie, d’abord en mettant en scène le personnage de Dany, défiant les préjugés et les normes imposées afin de suivre son cœur : « Dany […] a choisi d’ouvrir un magasin de bonbons alors qu’elle est obèse. »
Mais même dans les moments les plus tragiques, elle nous montre que la société s’empresse de réduire sa vie à sa condition physique : « C’est triste de partir ainsi à quarante ans, mais entre ça et un cancer ou une crise cardiaque… Ça lui pendait au nez de toute façon.«
L’autrice dénonce également le harcèlement scolaire, frappant à la porte de la jeune Hélène. Cette dernière subit des moqueries à l’école en raison de son physique et de ses quelques kilos en trop. Mais quand est-ce que cet acharnement atteindra ses limites ?
Enfin, Violaine de Charnage apporte une profonde dimension de sororité en dépeignant le fantôme de Dany, désormais figure presque maléfique, comme un être sentimental, en qui réside encore de la compassion. Elle reconnaît en la petite Hélène un écho de son propre passé, un miroir de sa jeunesse perdue. C’est pourquoi elle lui laisse le choix de son destin, puis lui confie les rênes de la Candygirl.
Une nouvelle brève mais percutante, qui interroge le péché de gourmandise et met en scène une soif adolescente dévorante, où le goût sucré vire peu à peu à l’amertume du cauchemar.

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