Rencontré dans la rue qui passe devant notre local, Éric est un illustrateur autodidacte, discret et doué qui possède son propre caractère. Sa timidité et son amour pour l’art en font une personne à l’esprit profond. Éric ne se met pas en avant, ce n’est pas son style… pourtant en voyant ses dessins, je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir envie de réaliser une interview de cet artiste astucieux ! Je lui ai donc proposé un entretien en lui expliquant notre projet associatif.
Romantique et doux, notre illustrateur offre aisément ses dessins afin de montrer son affection envers ceux et celles qu’il aime. Le monde est certainement rempli de personnes dans le genre, des gens extrêmement talentueux, mais incapables de se mettre en avant tant leur art leur paraît naturel, et peut-être futile aux yeux des autres, alors que, pourtant, leurs créations inspirent de nombreuses émotions chez leurs prochain·e·s !
Nous lui avons posé quelques questions pour en savoir plus…
Bonjour Éric ! Pour commencer, peux-tu te présenter ?
Je suis Éric. Je suis un enfant adopté né en Inde où j’ai grandi jusqu’à mes trois ans. Ensuite, je suis arrivé à Wissembourg (en Alsace) où j’ai vécu avec mes parents adoptifs, très gentils. Mon père est blond aux yeux bleus et ma mère est indienne. Je suis quelqu’un de timide, même si je suis capable de communiquer. Déjà enfant, je ne parlais que très peu…
Comment t’es venue la passion du dessin ?
Ma passion pour le dessin est venue par hasard. Ma mère faisait des peintures sur soie. Et un jour, comme ça, elle m’a demandé d’agrandir un dessin pour elle. Il s’agissait d’une rose. Je me suis exécuté. Et c’était beau. Ainsi, je me suis passionnée pour le dessin. Au début, j’ai recopié des dessins de bandes dessinées (comme Gaston Lagaffe, Tintin, etc.). Et puis, j’ai commencé à inventer des dessins sortis de mon imaginaire.

Qu’est-ce qui t’inspire le plus ?
C’est peut-être cliché, mais ce qui m’inspire le plus, c’est la beauté dans chaque chose. Je suis une personne hypersensible, alors je capte beaucoup les énergies. J’ai un tempérament rêveur et passionné. Un autre support que j’aime beaucoup, c’est la mosaïque.
As-tu des artistes que tu admires ? Comment te viennent tes illustrations ? As-tu des méthodes particulières ?
J’admire beaucoup les autres artistes, je trouve toujours ce qu’ils font incroyable. Je n’ai pas vraiment de formation académique alors j’ai appris avec ce que j’avais. Je n’ai pas appris à dessiner, ça vient naturellement, à la passion, à l’émotion, à l’instinct. Il faut que je ressente les choses pour dessiner, sinon j’en suis incapable. Et ça ne vient pas comme ça. Je me ballade ou je reste chez moi, et puis ça vient d’un coup. Si on me dit « fais ça », c’est plutôt compliqué pour moi… Quelque chose de « carré », je n’y arriverai pas.
J’ai fait des études de philosophie, puis l’armée (il s’agissait du service militaire obligatoire). Je voulais pourtant faire des études d’Art, mais je n’avais pas d’assez bons résultats. C’étaient des admissions sur dossier pour être accepté. J’étais doué en Philosophie, en Psychologie, en études sur les auteurs et en Épistémologie. C’est une matière que j’ai adoré étudier. Et puis, après ça, je me suis remis au dessin.
Maintenant, grâce à Instagram, je commence petit à petit à oser mettre mes illustrations dessus sans demander d’avis extérieurs. Cela me permet de combattre peu à peu ma timidité grâce au dessin…

Pourrais-tu nous parler de tes œuvres favorites ? Et en quoi, elles inspirent ta façon de dessiner ?
Il y a en beaucoup : Manet, Beck, Rembrandt, Turner, les trucs les plus connus… Ce flou artistique, les coquelicots, les paysages, l’eau, un flou que je qualifierai de « détaillé », mais c’est surtout l’ambiance générale d’une œuvre qui me happe. Le noir et blanc, les couleurs, le crayonné aussi…
Je n’ai malheureusement peu de mémoire alors quand un sujet me vient, quand quelque chose me vient en tête, je reste chez moi et je me dépêche de mettre la main à la patte. La poésie m’inspire également beaucoup. Alphonse de Lamartine, par exemple. Même des mots, des phrases, peuvent m’inspirer ou, bien sûr, des images ou de photos (des visages, des animaux). J’ai une mémoire photographique très puissante, même si je ne suis absolument pas physionomiste. Quoi qu’il en soit, je suis plus fier de moi lorsque j’invente, ça sort du cœur !

Est-ce que tu as des sujets particuliers que tu apprécies particulièrement dessiner ?
J’aime beaucoup peindre les animaux : les chats, les chiens, les papillons, mais aussi les fleurs. D’une nature très romantique, j’aime l’esquisse d’une rose ou d’un coquelicot, par exemple. J’assimile ça à du romantisme. Quand on me voit, on pense à une carrure, alors que je suis doux à l’intérieur. Je suis peu sûr de mes dessins, j’ai souvent besoin de l’avis des autres pour combler à un manque de confiance en moi. Un besoin de validation, une peur de me livrer… J’essaie de travailler sur ça et l’illustration me permet justement de faire face, de me sentir mieux en tenant le papier à la maison. Lorsque je dessine, j’y mets vraiment toute mon âme ! Je dessine non seulement pour moi, mais aussi pour les autres. Même si j’ai souvent peur de les partager, je n’arrive pas non plus à garder des dessins pour moi. Je ressens le besoin de les partager. Il m’est déjà arrivé d’avoir des « commandes » de dessins ou de portraits.
Je dessine suivant mon état d’esprit, en général. Je me laisse porter par la vie : je sens et ressens les choses. Je dis souvent que j’ai comme des antennes qui captent les moindres ondes qui m’entourent. Un sujet peut facilement m’obséder. J’ai l’exemple d’un éléphant en noir et blanc que j’ai réussi, à ma manière, à adapter (le dessin original ne venait pas de moi). J’aime le réalisme et le fantastique, les couleurs aussi jouent beaucoup. Sur fond noir, ou en acrylique, en aquarelle, crayon de papier, ça me permet de jouer avec les tons. Je travaille beaucoup au Tipp-Ex aussi. L’instinct du moment me fait choisir la technique.

Et enfin ! As-tu des projets d’illustrations en cours ? Peux-tu nous en parler ?
J’aimerais apprendre à gérer les perspectives. J’apprends beaucoup des bandes dessinées. J’adore ça, comment c’est dessiné, et surtout au niveau des couleurs…
J’aimerais beaucoup peindre une maison (pas entière) avec un arbre devant une fenêtre sur aquarelle, un soir d’été. Je l’ai déjà en tête. Un petit tableau. C’est vraiment venu comme ça ! Récemment, j’ai offert un dessin de fleur à une amie, c’est aussi un moyen de montrer mon affection aux gens.


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