Libido

Dans le calme feutrĂ© de leur appartement baignĂ© de lumiĂšre tamisĂ©e, Clara et InĂšs s’enlaçaient avec une tendresse qui brĂ»lait sous la peau. Depuis leur rencontre, la passion avait trouvĂ© en elles un terrain fertile, sauvage et doux Ă  la fois, comme une forĂȘt chaude aprĂšs la pluie. Elles avaient appris Ă  se lire, Ă  deviner les frĂ©missements de l’autre avant mĂȘme qu’ils n’éclatent. La libido, pour elles, n’était pas un feu Ă  contenir, mais une mer Ă  traverser ensemble, sans peur de se perdre. Il y avait des soirs de baisers calmes et de corps emmĂȘlĂ©s dans la moiteur tranquille des draps. Et d’autres nuits, Ă©lectriques, oĂč les soupirs se mĂȘlaient Ă  d’autres, invitĂ©s dans leur lit avec un consentement vibrant. InĂšs aimait regarder Clara s’abandonner dans le plaisir, comme on contemple un orage au-dessus d’une ville endormie. Clara, elle, goĂ»tait chaque variation du dĂ©sir d’InĂšs, comme un musicien suit les modulations d’un solo improvisĂ©. Elles avaient brisĂ© les cadres rigides, les dogmes silencieux de la biensĂ©ance, pour vivre une vĂ©ritĂ© charnelle, mouvante. Leur amour n’avait pas peur de la multiplicitĂ© ; il grandissait de chaque expĂ©rience, nourri de regards neufs, de peaux dĂ©couvertes. Certaines nuits, elles Ă©taient trois, parfois plus, et ce n’était jamais un manque, mais une extension naturelle de leur complicitĂ©. Le sexe, chez elles, ne cherchait pas Ă  combler un vide, mais Ă  explorer un trop-plein d’envie, de vie, d’audace. Pourtant, parfois, le dĂ©sir s’absentait, et ces silences n’étaient pas un drame, mais une respiration dans la danse. Il y avait des jours, des semaines mĂȘme, oĂč ni l’une ni l’autre ne ressentait l’élan, et elles s’autorisaient ces creux comme on s’accorde un hiver. Aucune d’elles ne forçait l’autre, ni elle-mĂȘme ; elles savaient que la libido n’est pas un devoir, mais une invitation â€” parfois muette. Elles comprenaient que la libido n’était ni constante, ni uniforme : elle allait, elle venait, elle choisissait ses instants. Ce n’était pas l’intensitĂ© qui comptait, mais la libertĂ© de la laisser surgir, ou non, quand elle le voulait. Clara disait souvent : « Le corps est un territoire libre, et je refuse d’y dresser des frontiĂšres« . InĂšs souriait, en allumant une bougie : « Alors explorons-le sans carte, sans compas, avec juste la peau comme boussole« . Elles ne cherchaient pas Ă  possĂ©der, mais Ă  partager, Ă  ouvrir leurs mondes l’une Ă  l’autre et aux autres, sans se trahir. Chaque soupir, chaque cri dans leur lit devenait une affirmation de leur droit au plaisir, sans honte ni masque. Et dans cette libertĂ© incarnĂ©e, charnelle et douce, elles vivaient leur amour comme une rĂ©volte magnifique â€” et terriblement sensuelle. Car la libido, plus qu’un feu ou un vide, Ă©tait pour elles un langage : parfois intense, parfois silencieux, mais toujours digne d’ĂȘtre Ă©coutĂ©.

Libido

Mes mains sur ton corps

Dans l’ombre tiĂšde de la chambre, mes mains te cherchent. Elles effleurent d’abord, timides, curieuses, s’aventurant lentement sur la chaleur de ta peau. Chaque millimĂštre dĂ©couvert devient une obsession. Je sens ton frisson avant mĂȘme qu’il ne naisse et cette vibration m’enivre. Je glisse, mes doigts tracent les lignes de ton corps avec lenteur, savourant chaque creux, chaque courbe, comme s’ils dĂ©chiffraient un langage inconnu. LĂ , ton Ă©paule. Plus bas, la hanche. Tu ne dis rien mais ton souffle me rĂ©vĂšle tout. Tu pulses, vibrante, offerte. Mon toucher devient plus sĂ»r, je ne frĂŽle plus : je saisis, j’enlace, j’explore. Tes rĂ©actions sont ma musique (ce soupir Ă©chappĂ© de ta gorge, cet arc fragile que dessine ton dos) et je joue de toi comme d’un instrument accordĂ© au dĂ©sir. Le drap glisse, complice. Ma bouche s’approche mais ce sont encore mes gestes qui mĂšnent la danse. Mon souffle est court, le tien devient saccadĂ©. Je me perds sur toi, le temps s’efface. Il n’existe plus que la moiteur douce de ton corps contre mes paumes et cette faim d’aller plus loin, plus profond. Pendant que je poursuis mon voyage, une certitude me consume : je ne veux plus jamais m’arrĂȘter.

Elles descendent, plus sĂ»res, plus affamĂ©es. Elles n’explorent plus, elles rĂ©clament. Je veux te sentir t’ouvrir, vibrer, cĂ©der. Tu Ă©cartes les jambes, mes doigts s’y glissent, jusqu’à ton sexe palpitant. LĂ , l’intimitĂ© humide m’accueille. Je reste un instant, suspendu Ă  ton frĂ©missement, Ă  ce souffle qui s’accĂ©lĂšre, Ă  cette attente. Un seul contact et tu t’arcboutes. Ta main cherche la mienne comme pour guider, ou supplier. Mais je prends mon temps. Je caresse, je presse, je pĂ©nĂštre lentement. Tes muscles se contractent, ton bassin ondule, ta respiration s’emballe. Tu es tout entiĂšre concentrĂ©e sur mes caresses. Mon pouce trouve ton point le plus sensible. Il tourne autour, flirte, s’éloigne, revient. Tu gĂ©mis Ă  mi-voix, ton corps s’exprime plus fort que tes mots. Le plaisir monte, te prend, t’envahit. Tes cuisses tremblent, ton ventre se tend et, dans un Ă©clat muet, tu te perds. Mais je sens en toi encore cette tension fragile, cette faim non rassasiĂ©e. Alors je continue. Je t’amĂšne plus loin. Je vais plus profondĂ©ment, plus vite. Mon autre main retient ta hanche qui se dĂ©robe. Tes soupirs deviennent des cris Ă©touffĂ©s. Ton plaisir Ă©clate Ă  nouveau, brut, sauvage, incontrĂŽlable. Tu jouis
 et je reste lĂ , le souffle rauque, fascinĂ© par ton abandon.

Tu restes immobile, haletante, traversĂ©e de vagues lentes et rĂ©siduelles. Tes muscles frĂ©missent sous mes gestes redevenus tendres, comme les derniĂšres ondulations d’un orage qui s’éloigne. Ton corps reste ouvert, dĂ©tendu, baignĂ© dans cette douceur d’aprĂšs. Mes doigts remontent lentement le long de tes cuisses, effleurent ton ventre, ton flanc, ton sein. Je te caresse sans but prĂ©cis, simplement pour ĂȘtre lĂ , pour prolonger l’instant. Je m’allonge contre toi, nos peaux moites se fondent. L’air autour nous devient plus profond, plus doux, plus enveloppant. Ta nuque sous mes lĂšvres a le goĂ»t du sel et de l’abandon. Je dĂ©pose un baiser, lent, brĂ»lant, une promesse posĂ©e dans le silence. Il ne reste plus que nos souffles, synchrones. Je ferme les yeux, ma main posĂ©e sur ton ventre paisible. Ta douceur, ton odeur, ton goĂ»t, ta peau
 tout en toi chante encore au creux de mes sens. Et je me dis que tant que je pourrai te toucher, je n’aurai besoin de rien d’autre.

Mes mains sur ton corps

Qui ?

Dans son lit, les sens de Sophie s’Ă©veillent sous les caresses de son mari. Des doigts qu’elle croyait connaĂźtre glissent
 pourtant, quelque chose est diffĂ©rent.

Sa nuque frĂ©mit, le temps semble suspendu. Elle devine une autre prĂ©sence. Un effleurement, timide, sur sa hanche. Sa respiration s’accĂ©lĂšre, pas par crainte
 par excitation. Une main douce sur sa cuisse
 ce n’est pas lui.

Elle retient un soupir. Son corps rĂ©pond avant sa pensĂ©e. Un parfum nouveau dans l’air. Le drap glisse, un genou frĂŽle le sien. Deux souffles contre sa peau. Lequel est Ă  qui ?

Son ventre se tend sous cette attention partagĂ©e. Elle se sent offerte. DivisĂ©e. TraversĂ©e. Deux seins effleurent ses tempes, un frisson l’envahit. Elle se perd entre leurs mains mĂȘlĂ©es.

Une bouche approche. Elle ne sait plus Ă  qui elle appartient. Elle ne cherche pas Ă  comprendre. Elle se laisse faire
 elle ressent. Le dĂ©sir brouille sa raison, l’inonde.

Des doigts nouent un tissu derriĂšre sa tĂȘte. Un bandeau glisse sur ses yeux
 Le secret de l’inconnue restera.

Qui

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