Palantŷr est un groupe de speed metal que nous avons eu la chance de découvrir lors d’un concert à Strasbourg. Anciennement connu sous le nom de groupe Destrukt formé en 2014, Athénaïs, sa chanteuse à la voix vibrante décoiffe les âmes en peine d’une main de fer !

Loin d’être un son métallique froid, les mélodies de Palantŷr sont chaleureuses et rythmées. Une reprise épique du « Nosferatu » de Paul Roland (1989) reste en tête, et est sublimé par la voix électrisante de la chanteuse. Une performance déboîtante qui vaut indéniablement le détour ! S’inspirant de figures de la pop culture, les musiques nous transportent avec beaucoup de punch dans des univers fantastiques et horrifiques. Vampire et sorcier maudit sont au rendez-vous…
Une écriture hétérogène et multiple, alliant des éléments épiques, fait de Palantŷr un groupe de speed metal original et qui a beaucoup à offrir à la scène musical actuel. Nous avons eu le plaisir de poser quelques questions à Athénaïs, la chanteuse du groupe !
J’ai découvert votre groupe en concert à Strasbourg et j’ai été fascinée par le dynamisme et la vibe votre groupe. Pour commencer, d’où vient le nom de Palantŷr ?
Merci pour ce compliment ! Le nom Palantyr renvoit aux palantíri de l’univers de Tolkien. Ce sont des artefacts elfiques rares, des pierres de vision qui permettent à leurs détenteurs de communiquer entre eux et d’observer des endroits du monde qui leurs sont hors de portée. Nous avons changé le « i » en « y » car un groupe de power metal suédois porte déjà ce nom.
Comment le projet s’est-il formé ?
Le groupe existe depuis 2014 sous le nom de Destrukt. L’année dernière, en lien avec un changement de style, nous avons décidé de le renommer et de partir sur de nouvelles bases.
En 10 ans, le groupe a connu de nombreux changements de line-up. L’actuel a un peu plus d’un an et je les ai moi-même rejoins en 2022.
Comment avez-vous commencé la musique ?
J’ai pris des leçons de solfège et de piano classique dès 6 ans, et ce pendant près de 15 ans. J’ai commencé à chanter au lycée je crois, mais à réellement travailler le médium à partir de mes 20 ans lorsque j’ai rejoint mon premier groupe. Les autres sont plus ou moins tous autodidactes.
Quelles sont vos inspirations musicales ? Vos styles favoris ?
J’aime le heavy metal traditionnel avant tout, les grands classiques et les grands chanteurs des années 70 et 80 comme Dio, Bruce Dickinson ou Leather Leone, ceux qui ont une voix reconnaissable entre mille, mais j’écoute également beaucoup de folk, toutes les couleurs du rock, du metal extrême aussi, de la musique classique, du hip-hop, du funk, de la pop… Avec une préférence pour les productions rétro ou revival. Tout sauf du reggae en fait…
La reprise de Nosferatu était dingue ! Comment vous est venue cette idée ?
J’apprécie et suis Paul Roland depuis des années. C’est un musicien très prolifique et infatigable qui nous régale depuis le début des années 80. Son pattern d’écriture est celui d’un conteur. Lors de chaque morceau, il peint un personnage ou raconte une histoire, utilisant une imagerie riche, définitivement liée à l’univers gothique victorien. Ce sont comme des nouvelles de Poe ou de Doyle sous la forme de chansons folk relativement courtes. Sur son troisième album, Duel (1989), les sonorités sont très rock, plus que sur les autres, je dirais. On voulait avec mon guitariste reprendre une de ses chansons. L’originale de Nosferatu est très mélancolique, très lente, et comme on voulait se réapproprier plutôt qu’interpréter, on s’est dit qu’on allait la jouer plus vite, en élaborant un peu les riffs. Et pouf !
Comment définiriez-vous votre style de musique ?
Nous faisons un heavy speed metal à tendance épique, et on lorgne de plus en plus sur les plates-bandes du power metal US et même du doom traditionnel par moment.
Avez-vous d’autres inspirations artistiques (livres, films, les séries, les jeux, etc.) ?
Je m’inspire pour l’écriture de tout ce qui me touche culturellement, les livres et les films en priorité, en effet. J’aime les films de genre, la littérature fantastique, fantasy et de science-fiction, mais j’essaye de diversifier mes sources. J’ai écrit un morceau sur une peinture de Gustave Doré, là j’écris un morceau après avoir lu La Vouivre de Marcel Aymé. J’essaye de privilégier des artistes français ces temps ci, car on a de très belles choses en BD, en littérature… Je suis dans le chevalier aux épines de Jean-Philippe Jaworski en ce moment, on verra si ça m’inspire quelque chose !
Je finis aussi mon second run de Baldur’s Gate 3 bientôt, on verra si j’arrive à intégrer Les Royaumes Oubliés dans un morceau. Je ne me ferme pas.
Vous auriez une petite anecdote à nous partager ? Vous avez de nouveaux projets pour la suite ?
Niveau projets, on travaille sur un album et on fait des lives pour s’améliorer sur scène ! Je n’avais jamais trop fait de scène avant et j’ai dû dépasser un blocage dû à ma timidité. Maintenant, je m’amuse pour de bon !
Je vois que l’imagerie « fantasy » vous parle, pourriez-vous nous en parler ?
J’ai déjà partiellement répondu auparavant, mais on peut creuser… C’est très courant dans le heavy et le power metal, et ça ne semble pas s’épuiser. C’est une musique galvanisante, guerrière, dramatique et théâtrale, qui écraserait littéralement des sujets communs de la vie courante. On a besoin de grandiose. Il y a deux écoles dans le genre, je dirais : ceux qui choisissent le thème de l’imaginaire, et ceux qui s’ancrent plus dans la réalité en parlant d’amour, de bagarres dans les bars, de motos, de cuir, de clous et de leur immense sex-appeal. Cela n’empêche pas le genre d’être politique, mais à contrario du punk qui dénonce frontalement les politiciens corrompus ou les situations liberticides, le heavy metal va plutôt parler d’un tyran assoiffé de pouvoir à abattre.
Comme le genre est très codifié (il s’appelle heavy metal traditionnel, après tout), on ne prend pas de risque en arborant une imagerie et une thématique fantasy, mythologique, religieuse ou médiévale. La mythologie n’est-elle pas la mère de la fantasy ? C’est généralement par-là que beaucoup de groupe commencent. Quand ils ont usé le sujet jusqu’à la corde, ils passent à la science-fiction, et quand ils en arrivent aux pirates, c’est qu’il faut arrêter et prendre sa retraite.
Depuis quelques années, il y a de plus en plus de femmes qui percent dans un domaine qui était majoritairement rempli d’hommes. Auriez-vous quelques mots à dire là-dessus ? Avez-vous rencontré des difficultés à ce sujet ?
C’est toujours un milieu majoritairement d’hommes, où beaucoup de femmes sont encore sexualisées et renvoyées à leurs conditions de femmes. Dans une société où la femme est culturellement encouragée à exister pour les autres mais pas à s’accomplir personnellement (moins maintenant, mais tout de même), on peut comprendre qu’il n’y ait pas beaucoup de guitares héroïnes faisant des tournées mondiales. Je déplore un manque de modèles féminins, mais jusqu’à maintenant, tout le monde m’a accueillie avec bienveillance et respect. Et c’est vrai qu’on y croise de plus en plus de musiciennes !
Avez-vous un discours, un message, à faire passer par l’intermédiaire de votre musique ?
Tue ton tyran !

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