Voici mon modeste retour et ressenti sur le Weekend of Hell, ayant eu lieu les 30 et 31 août 2025, événement qui se définit comme « Europe’s hottest horror festival ».
Convention / foire expo de l’horreur.
Localisé à Oberhausen cette année, dans une salle de concert grandiose, le WOH nous fait un grand accueil au son d’une chanson métal composée spécialement pour le festival.
Dans une ambiance dark et assez gore, évoquant les prémisses d’Halloween (beaucoup d’enfants présents cependant !), on déambule avec enthousiasme au milieu de sympathiques cosplayers très dévoué(e)s, de stands de goodies variés, de T-shirts, de décorations, de make-up artists, on trouve même un artiste tatoueur (extrêmement en retrait dans son emplacement très discutable, il faut le dire) et un stand de massages (?!). Dès l’entrée se dresse un stand de belles photos faites spécialement pour les dédicaces avec les guests (vendues entre 5 et 15 euros).
Enfin, une énorme bourse aux films (principalement d’horreur, mais on trouve de tous les genres), expose DVDs et blurays en éditions étrangères plutôt intéressantes (la majorité allemande bien sûr), avec des visuels très beaux et originaux qui raviront les collectionneurs, allant de petits prix à des prix parfois exorbitants. On notera peu voire pas de stand de littérature cependant.
Ambiance monstrueuse !
Les Allemands savent organiser ! Un biais de confirmation de votre rédacteur, qui a assisté à l’événement pour la 2e fois. Un avis largement partagé par quelques fans d’horreur français ayant également vécu l’expérience.
Le gros morceau du programme : l’accès à des guest stars issues principalement de l’horreur. Le plus intéressant étant (à mon sens) la facilité d’entamer la conversation avec des figures du cinéma, plus ou moins oubliées (il faut le dire).
Sont programmés 3 types d’interactions (toutes commerciales) avec ces guests :
– photoshoots où l’on fait la queue pour avoir sa photo avec telle star (les prix pouvant varier de 25 euros à 105 euros (!) pour Skeet Ulrich, la tête d’affiche cette année)
– selfies avec un(e) guest
– autographes (tarifs similaires aux selfies)
Quoiqu’il en soit, voici le type d’interaction que je suis venu chercher :
– Les « on stage » (ou « panels ») : sortes de colloques thématiques programmés et animés par un présentateur allemand (pas très pertinent cette année, j’en parle plus loin) où il est possible de discuter et poser des questions directement à qui vous souhaitez.
Ainsi, chaque fan semble y trouver son compte (clin d’œil amical à ce fan français que j’avais rencontré à cette 1re convention en 2021, et qui lui, vient principalement pour avoir des photos souvenirs de lui avec les guests).
Les Guests de 2025 – mon avis sur les panels auxquels j’ai assistés.
Salle de concert. Sur la scène réaménagée pour l’événement, un beau décor se dresse pour en mettre plein la vue (avec une grosse réplique du bar Titty Twister), baigné dans les lumières rouges, un choix qui finalement s’est avéré peu réfléchi, car peu de visibilité (visages des guests saturés, photos et vidéos assez criardes).
Les panels durent entre 30 et 40 minutes. Ils sont généralement organisés par thème (liste ci-dessous), mais hélas parfois fourre-tout. Le programme du dimanche est un copier-coller du samedi, une journée au WOH semble donc suffisante.
C’est un moment privilégié pour qui veut approfondir ce qui touche à un film, une saga, un guest que vous affectionnez particulièrement. Cette année, Skeet Ulrich alias Billy Loomis de Scream, s’est imposé comme la vedette, programmé à la toute fin (et ce n’était pas si épique, voir ci-après).
Panel n°1 : Friday 13th, la réunion de la final girl Amy Steel du 2e opus (je suis surtout venu pour elle !) et des jumelles Carey et Camilla Moore du 3e opus (des persos beaucoup plus plats et secondaires). L’animateur allemand a posé des questions très génériques et peu originales (pourquoi ne pas avoir mis une personne qui connaît mieux les films et les guests ?!). La grande majorité des questions (dont l’une des miennes) s’adressaient à Amy Steel (dur pour les jumelles !).
Ce fut une belle satisfaction d’avoir pu échanger après cela avec elle, à son stand. Un quart d’heure à discuter de son personnage très pionnier dans cette saga (la 1re final girl qui bat Jason par la ruse autant que par la force), d’archétypes (elle recommande l’ouvrage Men, Women, and Chain Saws : Gender in the Modern Horror Film) et aussi du manque d’intérêt global des fans vis-à-vis de ce que l’actrice devient en dehors de ce rôle.
Panel n°2 : pas de thème particulier. Ce qui a donné un moment bancal et très flottant. Étaient réunis Mark Torgl (le mop boy harcelé de Toxic Avenger), la légendaire Brigitte Lahaie, Katja Bienert (inconnue au bataillon…) et Lone Fleming (l’actrice danoise de 79 ans, dont je ne connaissais pas franchement la filmo). Cette diversité n’était pas très intéressante, grosse pensée pour Brigitte Lahaie, limite ignorée, qui faisait sa 1re convention en Allemagne et qui aurait mérité un panel à elle seule. Une table ronde assez maladroite donc.
Panel n°3 : Cinéma italien, la gioia ! Ottaviano Dell’Acqua (acteur et cascadeur multifacette, le zombie culte de L’Enfer des Zombies !), avec qui j’ai pu discuter amicalement à son stand, suivi d’une chaude poignée de main ; Silvia Collatina (la gamine de La Maison près du Cimetière) et le grand Lamberto Bava. L’actrice charismatique Mirella D’Angelo (Ténèbres) était également présente à la convention, mais placée dans une autre salle, près des deux actrices de Terrifier 1 et 2 et de Skeet Ulrich. Elle n’était même pas inscrite sur le programme des panels, inadmissible ! Le samedi matin, j’ai pu entamer la conversation avec elle, à son magnifique stand où un artiste lui rend hommage avec ses créations. Notre conversation a très vite basculé en français, quelle belle découverte ! Je ne la connaissais que dans le giallo de Argento, elle a évoqué sa carrière avec passion (Caligula, Hercules, Le Guignolo avec au passage un éloge de Belmondo), et puis son univers artistique. Je lui ai donc demandé si elle participerait au panel, car son nom n’y figurait pas. Elle a réagi, s’offusquant dans toute son italianité, « ah bon ?! Pourquoi mon nom n’apparaît pas ?! » Elle m’a ensuite invité à revenir pour continuer notre conversation et l’interviewer si je le souhaitais. C’est précisément ce genre d’interaction humaine qui est précieuse dans ce type d’événement, car tout n’est pas vénal heureusement (on rappelle que certain(e)s guests requièrent qu’on les paie grassement pour avoir un autographe ou un selfie).
Quoiqu’il en soit, la réunion des 4 artistes italien(ne)s était le panel le plus communicatif, Ottaviano est arrivé déguisé en zombie (de Fulci), tenu en laisse par Silvia Collatina, entrée en scène très remarquée ! Un moment drôle et théâtral qui a laissé place à des anecdotes de tournage, notamment l’origine de la démarche du zombie typique fulcien, inventée par Ottaviano sur le tournage (voir vidéo).
D’un point de vue plus critique, difficile de pardonner l’ignorance de l’animateur allemand qui n’était pas très pertinent ni connaisseur, parfois même incompris dans ses propos (c’est Silvia Collatina qui traduisait pour Lamberto Bava…). Et puis poser cette question banale à tout le monde : « comment êtes-vous tombé(e)s dans le cinéma? » et ne pas avoir compris la réponse de Bava « I’m Mario Bava’s son ». C’est Collatina qui a dû expliquer à l’animateur « Mario Bava est un réalisateur italien »… Mirella D’Angelo me dira, après coup, d’un ton franc (et c’est ça qu’on aime !) : « il savait vraiment pas de quoi il parlait le présentateur allemand, hein ! »
Panel n°4 : pas de thème particulier, dommage encore une fois !
Ce panel a réuni Christina Lindberg (Thriller), Bai Ling (The Crow), Brookie Smith (Le Silence des Agneaux). J’étais venu pour Bai Ling, car fan inconditionnel de The Crow et de son personnage (sous-côté) Myca. Actrice excentrique, certes très vénale, elle fait partie de ces seconds rôles qui méritent souvent plus de considération. On lui parle malheureusement toujours de Brandon Lee, et pourtant elle a énormément de choses à raconter sur son propre parcours et sur le cinéma. Elle a volontiers discuté en français, un bel échange.
A ma surprise, Brookie Smith a été l’actrice la plus mise en avant des trois, elle a effectivement eu un accueil féminin très enthousiaste (la 2e plus populaire après Skeet Ulrich). Elle dévoilera plusieurs anecdotes plus ou moins intéressantes sur Le Silence des Agneaux.
Puis, Christina Lindberg (Thriller : A Cruel Picture) semblait peu sollicitée, isolée… Dommage. Comme pour Lahaie, chacune de ses actrices aurait dû avoir un temps dédié à elles uniquement.
Panel n°5 : le dernier panel, dédié à Skeet Ulrich – Le grand attendu de la convention, le seul escorté par son propre attaché de presse / agent et garde du corps. Mon ressenti : la prestance prime sur le reste. Certes très sympathique et charismatique avec son look de pêcheur américain, il n’a pas nécessairement été très passionnant dans ce qu’il racontait (les questions des fans n’étaient pas non plus profondes). Répéter toujours et encore que Craven était un réal gentil, très intelligent, on le sait !
Ulrich a toutefois mentionné ses deux films préférés : L’Exorcisme d’Emily Rose pour l’horreur, puis Aguirre, La Colère de Dieu de Herzog.
On ne peut pas retirer son honnêteté à Skeet quand il déclare que sa situation pro est très incertaine et que les conventions lui permettent de vivre (on rappelle le tarif du selfie avec Skeet : 100 euros, avec majoration sur place ou pour les retardataires, je vous laisse estimer ses gains sur le samedi et le dimanche…). En conclusion, il résume bien le fond des stars en conventions : alimenter la nostalgie des geeks et vivre sur ses acquis.
Les trois panels auxquels je n’ai pas assistés : L’équipe de Winnie the Pooh / le duo d’actrices de Terrifier (mais Catherine Corcoran est très accessible et m’a parlé de Paris, incroyable!) / Costas Mandylor, acteur de Saw.
Conclusion.
Malgré mon recul parfois critique sur l’événement, je le recommande, selon ce que vous recherchez, au-delà du capitalisme de l’horreur, du narcissisme d’avoir son selfie avec elle / lui, de la nostalgie, de la collection à compléter… Il reste possible d’échanger gratuitement avec des figures plus ou moins notoires de films qui nous ont marqués, des figures qui écoutent volontiers nos avis et analyses sur leurs personnages et/ou films. C’est la richesse que j’en tire personnellement (avec l’ambiance Halloweenesque), même si de prime abord, ces acteurs / actrices ne voient pas (ou plus?) autant de profondeur que nous autres fans, surtout français, toujours très analytiques vis-à-vis du cinéma en général.
N.B. : quelques shorts du WOH sur Youtube @chordsofthedead

















Laisser un commentaire