Découvert au Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg et réalisé par Kenichi Ugana, The Curse (2025) vient déposer une pierre solide au revival de la J-horror ! Inspiré par la vague des films d’horreur japonais de la fin des 90’s et début des années 2000 avec Ringu (initiée 1998 en par Hideo Nakata), Ju-on (initiée en 2000 par Takashi Shimizu), Kiyoshi Kurosawa avec Kaïro (2000) ou Rétribution (2006), mais aussi le célèbre Evil Dead (Sam Raimi, 1981) ou encore Massacre à la tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), Kenichi Ugana offre ici une histoire de malédiction macabre “attrapée” sur Instagram. Passant ainsi de l’analogique au numérique, The Curse ravive les codes du film de malédiction nippone en y ajoutant des touches personnelles : beaucoup d’humour, de grosses effusions de sang et une lourde critique de nos rapports aux médias sociaux. 

The Curse 2025

The Curse nous propulse dans le quotidien d’une jeune coiffeuse du nom de Riko (impossible de ne pas penser à Exte dès les premières minutes du film) qui remarque des choses plutôt étranges sur les réseaux sociaux de son amie, Shufen, répartie à Taïwan depuis quelque temps déjà : des phrases agressives postées sous des selfies semblant tout à fait normaux pour la jeune fille et un détail photographique inquiètent Riko (Yukino Kaizu). La présence, au fond de la photo, d’une mystérieuse dame en rouge (véritablement flippante) inquiète son amie japonaise. Curieuse d’en savoir plus, Riko appelle son ex, lui aussi reparti à Taiwan, sous la pression de sa colocataire Airi. Elle apprend alors la terrible nouvelle : Shufen est morte des mois plus tôt dans d’étranges circonstances. Son comportement avant son décès et le fait qu’on ait retrouvé son corps sur la plage, enroulée dans des filets de pêche, font penser à une malédiction fatale. Suite à son appel, Airi prend son courage en main pour interpeller sur les réseaux la personne qui continue à poster sur le compte de Shufen… Grossière erreur ! Elle reçoit presque instantanément une vidéo macabre la ciblant comme prochaine victime. L’individu derrière ces morts mystérieuses semble être une sorcière taïwanaise, particulièrement vénère. Ainsi, un cycle de malédiction débute jusqu’à ce que Riko se décide à débarquer à Taiwan à la recherche de l’instigatrice de ces sortilèges funestes afin de comprendre ses motivations. 

Cheveux dégoulinants, présence fantomatique oppressante, véritables séquences de massacres sanguinolents, automutilations, satire des réseaux sociaux… The Curse s’érige en tant que renouveau de la J-horror tant il reprend au premier abord les codes habituels de la vague des années 2000 mais il ne s’arrête pas là ! En 1h 35, The Curse relève brillamment le défi : un revival de la J-Horror qui bascule dans le gore et l’absurde avec une certaine pointe de malice. L’absurdité de The Curse apparaît finalement davantage dans le rapport complètement flingué de tou•te•s les protagonistes aux réseaux sociaux qu’à la véritable horreur surnaturelle qui se déroule sous nos yeux. La créature démoniaque n’étant au final qu’un outil, à l’instar d’instagram, dans les mains d’une personne particulièrement mal intentionnée. Ici, point de vengeance de la part d’un fantôme rancunier mort dans des circonstances injustes et effroyables mais une obsession et une paranoïa maladives d’une sorcière dues à la concurrence numérique qui atteindront leur climax dans un final délirant qui fait sourire autant qu’il répugne.  

The Curse

Avec des facecams inattendus et des scènes goresques à la Evil Dead, The Curse ne se contente pas des anciens codes du genre et apporte un vent de nouveauté particulièrement rafraîchissant à une horreur habituellement lente et contemplative. Tout comme Kaïro avec la disquette ou Ringu avec la VHS, The Curse transforme un outil du quotidien, Instagram, en un véhicule pour les pires horreurs. Cette coproduction Japon/Taiwan nous offre une yāoguài, une démone vêtue de rouge, la langue pendante, aux longs cheveux noirs, réactualisée, invoquée une nouvelle fois dans notre monde moderne via les algorithmes de nos réseaux sociaux pour une critique frontale de la post-modernité et de l’hyper-connexion de nos nouvelles habitudes de communication pour lesquelles les frontières géographiques sont floues. En tout cas, elles ne protégeront pas d’une malédiction numérique… et inéluctable. 


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