Le succès de la saga Halloween de Carpenter à la fin des années 1970 marque le commencement d’un déferlement de tueurs masqués au cinéma. Inséparables de leur arme blanche, ces serial killers ont le loisir commun d’assassiner des adolescent·e·s dans des conditions sordides. De Halloween à Vendredi 13, en passant par Scream, le livre Slashers retrace les origines et les temps forts de ce genre cinématographique. La mise à mort d’adolescent·e·s et de jeunes adultes devient un spectacle angoissant et les effusions de sang, de gore, frôlant le torture porn dans certains cas, se démocratisent. Le croquemitaine se glissant dans l’ombre prend forme humaine et se déchaîne avant d’être contré par une survivante, la final girl. Ce rôle qui détruira un bon nombre de clichés de genre au cinéma. Le slasher en dit long sur les sociétés dont il est issu. Des contes modernes qui renvoient la violence dont on les abreuve, des productions fauchées essayant tant bien que mal de faire du cinéma. Parfois satire sociale et politique, le slasher possède plus de symboles progressistes qu’on ne pourrait le croire. Des études sur le genre tendent à démontrer que le slasher dénote d’une visée moins sexiste qu’il n’y parait avec la mise en scène d’un tueur frustré et d’héroïnes survivantes…

Les productions Blumhouse nous offre un renouveau du slasher avec des thématiques très fortes mises en avant comme le féminisme ou encore la dénonciation du racisme. Ce genre, au-delà de son aspect effrayant et gore, dispose de son propre style pour dénoncer les violences de nos cultures et les transposer à l’écran. Dérangeant ? Il doit l’être.

Un beau livre haut en couleur composé de dossiers, d’articles, de tops et d’interviews de spécialistes du genre. On notera d’ailleurs l’entretien de Julien Maury et Alexandre Bustillo mais aussi celle de la psychothérapeute Ghislaine Romain qui voit en le slasher un conte pour adultes à l’effet cathartique… Réalisé par Marie Casabonne, Guillaume Le Disez, Fred Pizzoferato, et Claude Gaillard, Slashers est une véritable encyclopédie de ce pan connu du cinéma de genre. Richement illustré et bourré d’anecdotes, les éditions Glénat/Vents d’Ouest propose ici avec Slashers un bouquin décomplexé garni d’analyses, de fiches sur les films, des focus ainsi que des citations qui mettent en valeur les différentes thématiques abordées sur ses 351 pages. Entre références aux films italiens gialli et les métrages allemands plus connus sous le nom de krimi et la mise en avant des motifs récurrents du slasher, cet ouvrage revient également sur la place de ce genre de films dans la société. Longtemps perçu comme du « mauvais genre » qui inciterait à la violence, et aurait influencé des copycats au point que le Video Recordings Act britannique de 1984 censurent plusieurs films en les catégorisant sous l’appellation Video Nasties, le slasher divise et intrigue.


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