Le livre Nudi e crudeli – I mondo movies italiani retrace l’histoire de ces films mêlant fiction et documentaire à caractère choquant. Il est le fruit d’un travail de collaboration entre deux auteurs : Antonio Bruschini et Antonio Tentori, deux critiques cinématographiques et partisans du cinéma de genre italien ayant travaillé ensemble à de multiples reprises. Le premier ayant donné des cours de scénario à l’université de Florence avant de mourir en 2011 et l’autre ayant travaillé en tant que scénariste pour Dario Argento. L’ouvrage édité par Bloodbuster est divisé en 3 grandes parties en commençant par les « Movies Nudi » suivi de la catégorie « Crudeli » pour finir avec une liste des mondo movies qui ne s’inscrivent pas dans ces catégories mais qui méritent tout de même d’être cités. Cette œuvre écrite en italien compte 192 pages richement illustrées de diverses photographies, affiches de film, etc.
Les films mondo ou mondo movies est un genre de cinéma mettant en scène des faux documentaires. Le but est d’avoir des images très dures sur les thèmes de l’exotisme, de la violence, de l’érotisme et du sexe. Ces œuvres surgissent en Italie à la fin des années 50 avec le film Europa di notte (Nuits d’Europe) de Alessandro Blasetti en 1959. L’objet du film est de démocratiser le monde de la vie nocturne des villes majeures d’Europe. Il s’agit d’un précurseur du genre mondo car il montre toute l’envergure des spectacles nocturnes, des numéros familiaux de début de soirée jusqu’aux show plus adultes pour les dépravé·e·s.
Par conséquent, les films du genre suivent le modèle de Blasetti en montrant les coulisses des plus grands cabarets d’Europe. Par la suite, les films mondo prennent bien des formes en voguant vers l’érotisme ou la torture porn. Par exemple, dans les années 60, le strip tease est l’une des principales thématiques comme pour le film Sexy Proibitissimo qui présente comment la doctrine était perçue à travers les âges et les tendances. Ces films représentent le sexe sous toutes ses formes et sont réalisés pour assouvir la curiosité sexuelle du public. Dans les années 70, durant la révolution sexuelle, les films mondo nudi traitent de la représentation de la femme dans les médias et en montrant les luttes féministes comme dans Inghilterra Nuda par exemple. À la fin des années 70, les métrages quittent les cabarets pour entrer dans les maisons closes, les clubs libertins et traiter de pratiques sexuelles « divergentes » comme le sadomasochisme ou encore l’homosexualité. Cependant, certains thèmes sont plus sombres et profonds comme la prostitution de mineures.
La partie « Crudeli » aborde les documentaires qui ont été réalisés pour choquer avec des images beaucoup plus crues et violentes. Cette partie est sous-divisée en trois. Chaque partie met en avant un binôme de cinéastes et leurs filmographies. On y trouve par conséquent Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi, les frères Alfredo et Angelo Castiglioni, Antonio Climati et Mario Morra.
Les films crudeli sont donc caractérisés par leur violence graphique, on y voit de la torture animale, des chasses à l’homme mais également la culture de villages africains et leurs rituels « satanique et sadiques » comme décrit dans l’œuvre. L’un des films les plus marquant de cette catégorie est Mondo Cane, le film ayant lancé le genre des mondo, ou encore Africa Addio.
Nudi e Crudeli finit par une interview de Franco Prosperi, réalisateur des deux œuvres précédemment citées, et explique le processus de réalisation des films. Concernant Mondo Cane, pour la première fois, le but est de choquer le public occidental en jouant sur sa curiosité morbide. Il raconte l’origine du titre, qui donnera par ailleurs son nom au genre. Il y raconte également que le succès des films est dû à sa variété ou son rythme et sa véracité. En effet, le film jongle entre plan de paysage, beauté et violence. De plus, le film traite d’un sujet actuel et bien réel, ce qui attire toujours du monde. En ce qui concerne Africa Addio, le film était sujet à débat avant même sa production. L’Afrique sortait d’une période de colonialisme et les politiques de gauche voyait en ce projet une impossibilité morale tandis que les politiques de droite et les tendances libérales y percevaient un produit commercial. Cependant, ce film n’aurait jamais pu voir le jour aujourd’hui, à l’heure où les accusations et les étiquettes sont vites distribuées.
Bien qu’il ne présente pas pourquoi le genre a été créé, cet ouvrage a été écrit pour faire connaître les mondo en présentant leurs principales caractéristiques, les sujets qu’ils abordent, différents titres de films et certains moments mémorables de ce cinéma un peu particulier. Malheureusement, il ne fait que lister ces films et ce qu’on peut y voir en détaillant le thème principal. Par conséquent, ce livre n’est pas une analyse ni une critique du genre. En effet, l’ouvrage a été rédigé par des admirateurs du genre et chaque film cité dans Nudi e Crudeli est décrit mais pas analysé dans son message. On y présente ce qu’il apporte en termes de violence et d’image mais aucunement le discours ou la cause que le réalisateur essaye de mettre en avant.
Bien que Nudi e Crudeli ne soit pas analytique, il permet tout de même aux curieux et curieuses de comprendre l’essence des mondo movies et offre également des lignes directrices. Il indique les films principaux du genre et ceux étant intéressants à regarder si l’on souhaite se plonger dans cet univers.
Les auteurs
Antonio Bruschini était un critique cinématographique et essayiste italien né à Florence le 28 mars 1956 et mort le 30 mai 2011 à l’âge de 55 ans. Il a commencé sa carrière de journaliste de cinéma en 1988 pour la Gazette de Florence et a publié de nombreux articles et essais. En 1990, il rencontre Antonio Tentori avec qui il écrira de nombreux livres sur le cinéma de genre italien. Enfin, il a donné des cours de scénario de film à l’école nationale du cinéma indépendant de Florence.
Antonio Tentori est un scénariste de cinéma, un critique cinématographique et un essayiste italien né à Rome en 1960. Son père était le poète Francesco Tentori Montalto, connu pour ses recueil Lettres à Vilna ou encore Le secret des miroirs. Il écrit lui aussi des poèmes et des essais puis a commencé à écrire des scénarios à la suite de sa rencontre avec Lucio Fulci, l’un des plus grands cinéastes d’épouvante avec lequel il a travaillé sur le scénario de Demonia. Il a également travaillé avec Dario Argento sur le film Dracula.
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