Don Coscarelli. Phantasmas, momias y otras bestias est un livre paru en 2015 aux éditions Tyrannosaurus Books et rédigé en espagnol, cette « biographie » nous plonge dans la vie du réalisateur californien tout au long de ses 261 pages. À travers une description complète et précise de chaque film du cinéaste Don Coscarelli, l’auteur du livre, Gerardo Santos Brocero, réussit à nous expliquer ses succès et ses échecs cinématographiques grâce à des anecdotes de tournage tout en narrant les difficultés et les aisances présents lors du processus de production, de communication et de promotion de ces films. Pour accompagner ses dires, Santos Brocero a décidé d’ajouter des images en noir et blanc tirées des films du réalisateur ainsi que chaque affiche espagnole du film.

Avant d’être auteur de ce livre Gerardo Santos Brocero est avant tout un grand adulateur du réalisateur qui souhaite grâce à cet ouvrage rendre hommage à ce grand réalisateur du cinéma d’horreur ayant su imposer sa vision mais qui reste malgré tout plutôt inconnu aux yeux du grand public. Gerardo Santos Brocero décide de commencer son livre par un prologue écrit par l’administrateur de la communauté Facebook dédiée à Phantasm, Miguel Collado Gabladón, dans lequel il explique la position de Don Coscarelli dans le paysage cinématographique espagnol qui suit la thématique de Santos Brocero. En effet, il précise qu’aujourd’hui très peu d’espagnol·e·s connaissent Don Coscarelli alors même que le premier volet de sa saga d’horreur Phantasm avait réuni plus d’un million de personnes dans les salles obscures. Mais cet engouement autour du réalisateur est très vite descendu en Espagne car la plupart de ces prochains films ne sortiront plus au cinéma mais directement au format domestique.
Après ce court prologue, Gerardo Santos Brocero reprend la main sur l’écriture du livre et le divise en six parties sans compter l’introduction qui traite de la rencontre des parents du réalisateur californien, de son enfance, de son parcours universitaire, de cette passion pour le cinéma et comment elle est apparue et enfin des premiers contacts qu’il s’est faits dans cette industrie. L’auteur décide par la suite que chacune des divisions du livre passe en revue et dans un ordre chronologique, les films de Don Coscarelli.
Les premiers pas du réalisateur dans l’industrie du cinéma
Pour se faire, il commence par ses deux premiers films Jim the World’s Greatest et Kenny&Company; tous deux sortis en 1976 où au travers d’un synopsis très détaillé il raconte des anecdotes sur la production, le tournage, la post-production et la promotion du film. Santos Brocero explique que Coscarelli était très encouragé par ses parents pour poursuivre cette carrière alors iels n’hésitèrent pas à s’impliquer dans le film. Par exemple, son père produira entièrement la quasi-totalité des films de son fils alors que sa mère jouera le rôle de la maman dans le premier film et s’occupera également du maquillage et des costumes pour le second film. Au même titre que ces parents, Coscarelli est très engagé dans la production de son film puisqu’il sera évidemment le réalisateur mais également le scénariste et le monteur, et ces rôles il va les poursuivre jusqu’à encore aujourd’hui à quelques exceptions près où il décidera de ne pas se charger du montage mais il sera dans tous les cas scénaristes de tous ses films. Cependant, n’ayant pas encore beaucoup de contacts et n’étant pas produit et distribué par une grande société de production, ces deux premiers films sont comme on les appellerait aujourd’hui des flops commerciaux mis à part peut-être Kenny&Company qui a connu une seconde jeunesse lorsqu’il est sorti dans les salles japonaises.
Un succès à double tranchant
Dans la seconde partie de l’ouvrage qui relate des premiers succès cinématographiques du cinéaste californien, l’auteur explique que malgré un succès commercial frappant, Don Coscarelli n’échappera pas aux critiques et aux conflits. Dans un premier temps, Santos Brocero discute du premier volet de la saga Phantasm sorti en 1979, une nouvelle fois entièrement financé par son père. En plus d’être révolutionnaire dans son genre puisqu’il mélange à la fois l’horreur et la science-fiction, avec l’utilisation d’effets spéciaux, une première pour Coscarelli ! Ce film est le premier succès économique du réalisateur puisqu’il amasse au box-office mondial plus de vingt-deux millions de dollars malgré une réception plutôt mitigée du côté des critiques qui décrivent le film comme un plagiat d’Halloween : La Nuit des masques . Dans un deuxième temps, l’auteur traite de son quatrième film Dar L’invincible sorti en 1982 qui pour la première fois sera produit par certes le père de Coscarelli mais également une société de production, Leisure Investment, qui lui attribue un budget de dix millions de dollars. Ainsi, ce nouveau fonctionnement dans la production impactera grandement la liberté artistique du réalisateur car le studio prend des décisions sans l’en informer comme le fait de choisir Tanya Roberts dans le rôle de Kiri alors que lui voulait Demi Moore ou encore quand le studio l’empêche de se charger du montage. Malgré ces conflits internes, Dar L’invincible, qui est distribué aux États-Unis par MGM, est présent dans plus de mille cinémas et récoltera plus de cinq millions de dollars durant ces trois premières semaines d’exploitations. Mais tout comme son dernier long métrage, Don Coscarelli se fera critiquer par la presse parce qu’il a voulu reprendre le schéma des films d’Arnold Schwarzenegger notamment Conan le Barbare mais sans grand succès.
Un récit de survie vers Phantasm 2
Dans cette partie, l’auteur nous explique qu’ayant perdu goût à la réalisation à la suite de la mauvaise expérience de Dar L’invincible et plusieurs projets qui ne se sont pas réalisés, Don Coscarelli a attendu plus de six ans avant de réaliser son prochain film : le second volet de sa saga horrifique, Phantasm 2. Universal lui propose alors de financer le métrage à une somme atteignant les trois millions de dollars et d’également gérer la distribution du film dans les salles américaines. C’est un succès, même neuf ans après le premier volet, Phantasm 2 parvient à récolter quatre de millions de recettes rien que sa première semaine d’exploitation et ce grâce au studio qui a accompli un immense travail de communication autour du film pour que le public soit au rendez-vous. Cependant, comme la plupart des films signés Coscarelli, les critiques sont assez cinglantes notamment à cause du scénario qui est, selon eux, dénué de sens. Le deuxième film dont traite cette partie est Survival Quest sorti en 1988, qui pour beaucoup de ces adulateurs et adulatrices le qualifient d’ovni dans sa carrière parce que peu de personne sont au courant de son existence ou même qu’il a été réalisé par Coscarelli bien que le film va connaître un renouveau en 2007 lors de sa sortie DVD en raison d’un montage différent de l’œuvre originelle. Et ce sentiment était déjà présent en 1988 car bien que MGM ait acquis les droits pour sa distribution il ne sera en réalité que très peu de temps à l’affiche.
L’aboutissement d’une saga
La prochaine partie du livre est axée sur les deux prochains volets de sa saga d’horreur, c’est-à-dire Phantasm 3 : le seigneur de la mort et Phantasm 4 : aux sources de la terreur . En dépit de la promesse d’Universal de produire tout le reste de cette saga, elle refuse de financer ces métrages. Don Coscarelli se tourne alors vers une autre société de production qui lui donne un budget de deux millions et six cent cinquante mille euros respectivement. Ces deux suites n’ont pas eu le succès escompté, le troisième sera très peu de temps au cinéma avant de sortir sous format domestique même si en Espagne il atteindra le top dix du box-office national lors de sa première semaine d’exploitation alors que le quatrième sortira directement en VHS et LaserDisc. Beaucoup s’accordent à dire que ces deux volets ont encore de fortes lacunes au niveau scénaristique même si le quatrième est le mieux écrit de la saga et le moins rocambolesque.
La littérature comme inspiration
L’avant dernière partie du livre passe en revue les trois projets de Coscarelli sortis depuis les années 2000 : Bubba Ho-Tep, qui est une adaptation de la nouvelle Elvis contre la momie présent dans le roman Writer of the Purple Rage de Joe R. Lansdale et qui traite de prétendus Elvis Presley et John F. Kennedy dans une maison de retraite combattant une momie égyptienne ; La Survivante, une autre adaptation d’une nouvelle de Joe R. Lansdale, qui est le premier épisode de la série Les Maîtres de l’horreur de Mick Garris dans laquelle il invite les plus grands cinéastes d’horreur à réaliser un épisode comme John Carpenter, Dario Argento ou encore Tobe Hooper et enfin John Dies at the End, adaptation du roman John meurt à la fin de David Wong, où deux amis vont tester une drogue hallucinogènes grâce à (ou à cause de) laquelle ils vont découvrir un nouveau monde rempli de démons. Que ce soit au niveau de jeu de la distribution, du scénario ou de l’ambiance des métrages, ces trois projets reçoivent des éloges de la part du public et des critiques cinématographiques tout en gagnant parallèlement de nombreux prix et récompenses dans les festivals de film fantastique ou en étant l’épisode le plus populaire et visionné de la saison.
Un regard vers l’avenir (et le passé)
La dernière partie du livre ne concerne plus aucun film de Coscarelli mais c’est le moment où l’auteur se permet de faire des spéculations sur qu’elles peuvent être les prochaines œuvres de Coscarelli et également au sein de laquelle il fait un résumé plutôt complet de tous les films du cinéaste.
« Cela m’a toujours affligé la manière dont le genre de l’horreur peut être marginalisé. Beaucoup de personnes regardent l’horreur de haut et le considèrent comme un niveau au-dessus de la pornographie. […] Mais il y a des fans inconditionnels qui adore ce genre, et j’en fais partie. »
(Don Coscarelli, 2013, interview de San Diego Reader)
On pourrait croire que ce livre est seulement écrit pour les fans du réalisateur mais en réalité, chaque personne passionnée de cinéma d’horreur peut trouver cet ouvrage intéressant et passionnant car en plus de faire un synopsis complet des œuvres, l’auteur nous plonge directement dans l’atmosphère des films. Avec les descriptions précises qu’il donne sur ce qui se passe à l’écran et les images qui suivent ses dires, on a l’impression d’avoir le film sous nos yeux au moment même où on le lit. Au travers de ces pages richement illustrées l’envie de regarder les films de Don Coscarelli augmentera de plus en plus au fil de la lecture. Le but de l’auteur serait alors accompli : promouvoir le travail de Coscarelli et faire découvrir ses œuvres au plus grand nombre.









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