Les œuvres extrêmes que l’on peut trouver au sein du cinéma d’horreur peuvent laisser une marque indélébile sur l’esprit humain et sur sa cinéphilie, Megalomaniac est le parfait exemple qui illustre un tel phénomène. Né de l’esprit de Karim Ouelhaj, connu pour son cinéma frontal voire carrément naturaliste par certains moments, Megalomaniac s’inscrit dans la parfaite continuité de l’horreur extrême, que la sphère des cinéastes francophones nous propose depuis le début des années 2000. Difficile de décrire ma séance et mon ressenti pendant toute la durée du film, découvert lors de L’Étrange Festival de Clermont-Ferrand pour sa séance de clôture. Je ne peux être sûr d’une chose c’est que le long métrage du réalisateur belge n’a pas fait l’unanimité dans la salle. Des spectateurs et spectatrices sont parti·e·s à certaines scènes, sans doute dégouté·e·s par une violence psychologique insoutenable ou bien par une ambiance poisseuse et pesante au possible. C’est là ou l’on voit que Megalomaniac est un film réussi, il ne cherche pas à plaire ou à délivrer un simple divertissement, il souhaite revenir aux racines même du cinéma : donner à son public des émotions extrêmes.

Il faut dire que l’objectif est réussi, je me souviens encore de la réaction du public, quand l’obscurité pesante de la salle a fait place à la lumière perçante de la réalité : le silence dominait l’entièreté de l’espace. On ne se remet pas facilement d’une œuvre aussi pessimiste et obscure qui prends son public par la gorge pendant près de 1h40. Le synopsis laisse déjà présager la gaieté du film : nous suivons Martha et Felix, les deux enfants du « Dépeceur de Mons », célèbre psychopathe de la région. Pendant que Felix poursuit l’œuvre de son père, Martha, elle, doit faire face dans l’usine où elle travaille à une pression psychologique et des agressions sexuelles constantes qui la pousseront bientôt à commettre l’irréparable.
Si le synopsis est prometteur, est-ce que Megalomaniac répond aux attentes du public en quête d’obscène et de chaos ? La réponse est un grand oui ! Au travers d’un traitement quasiment expérimental de la narration, du rythme et de l’image, le long métrage de Ouelhaj s’impose comme une véritable claque psychologique. Portrait d’une famille de joyeux malades, la caméra du réalisateur belge met son public face à un portrait glaçant de la marginalité sociale, marginalité qui ne peut être cachée, voire minimisée qu’avec l’exaltation de la violence et des pulsions meurtrières. L’ensemble du casting nous délivre une performance torturée et morbide, mention spéciale à Eline Schumacher qui fait preuve d’un jeu schizophrène et glaçant au possible. Viscéral et sans concession, Karim Ouelhaj se pose en véritable artisan de l’horreur extrême, il parvient à composer une série de fresques gores et poisseuses, au travers d’images chocs et d’un pessimisme constant. Megalomaniac ne tombe pas dans le piège au combien facile du faire du gore pour du gore, et choquer pour choquer, il délivre une métaphore pertinente sur l’emprise patriarcal et les attentes du corps de la femme, qui sont montrées ici comme une préoccupation constante de la prédation des hommes.
Cette violence à la fois narrative et visuelle se rencontrent dans une fin explosive où toutes les passions et les pulsions morbides se déchainent dans un bain de sang mémorable. Qu’on le veuille ou non, Megalomaniac est déjà un classique de l’horreur extrême, expérimental et ambitieux, sans jamais être baroque.





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