Il aura fallu près de 6 ans à Damien Leone pour mettre au monde son nouveau bébé répondant sous le nom de Terrifier 2. Le succès est immédiat et le public, au rendez-vous, adresse au film des critiques dithyrambiques, et remplit les salles de cinéma (américaines bien sûr, la France devant se contenter d’une faible distribution). La presse spécialisée adresse également au nouveau rejeton de Damien Leone de multiples éloges, alors que la presse générale ne voit qu’en Terrifier 2 qu’une simple série B, gore à souhait. La première fois que j’ai visionné Terrifier 2, j’ai pensé comme l’ensemble du public et la presse spécialisée. Pour moi, c’était une bouffée d’air frais. Cependant le deuxième visionnage m’a mis devant les éventuels défauts du film qui sont pour moi beaucoup trop mis de côté par les fans d’Art le clown.
Le nouveau film reprend là où le premier volet de Leone s’est arrêté : on retrouve un Art en train de massacrer joyeusement un médecin en train de secourir sa pauvre vie. La scène est extrêmement gore, et le meurtre est filmé à l’aide de plans rapprochés pour accentuer la violence du meurtre. On fait ainsi face à une véritable boucherie à la fin de laquelle notre pauvre victime n’est plus qu’un bout de viande ensanglanté. Le décor de ce nouvel opus est planté : le réalisateur nous annonce un film encore plus sanglant, encore plus excessif dans son exécution.
Commençons tout déjà par le positif, car oui Terrifier 2 en a plusieurs. Tout d’abord, il se révèle très généreux pour ce qui est des scènes de meurtres, on pourrait qualifier même cela de « scènes de boucherie ». En outre, Art fait pleuvoir des litres et des litres d’hémoglobine, et s’amuse à détruire de manière toujours plus inventive les corps de ses malheureuses victimes. Ainsi, on assiste sur près de deux heures à des dizaines de meurtres qui raviront les fans les plus friand·e·s de gore.
On retrouve également une ambiance crade qui était déjà l’un des points forts du premier Terrifier. On a là une suite qui se veut plus développée dans son scénario, avec l’introduction d’enjeux familiaux qui donnent à cet opus un élément qui manquait cruellement au premier long-métrage de Leone : un scénario qui tient sur plus d’un post-it. Il faut également noter la performance toujours aussi excellente de David Howard Thornton qui interprète à merveille ce psychopathe d’un autre monde qu’est Art.
Cependant voilà le film n’est pas exempt de défauts et je trouve cette tendance à monter ce film sur un piédestal complètement contreproductive. Certes Terrifier 2 est généreux, certes il est efficace dans la présence charismatique de son acteur principal qui renforce le côté grand-guignolesque du long-métrage, mais malheureusement, c’est à peu près tout. En effet le point faible de ce nouvel opus est qu’il ne tente pas grand-chose, et reste beaucoup trop dans sa zone de confort. Cela est d’autant plus dommage que les seules idées d’innovations sont en général bâclées. Damien Leone tente d’ajouter des éléments surréalistes à son tueur, notamment en lui rajoutant une ribambelle de compagnons inutiles.
J’évoquais tout à l’heure le jeu d’acteur de Thornton, celui-ci se révèle être le seul acteur capable de transmettre une performance artistique de qualité. Le reste du casting semble très amateur, et peine à trouver à leur jeu une identité propre. Ainsi, l’identification aux protagonistes se révèle très éprouvante, on a du mal à s’attacher à eux. C’était déjà un problème du premier Terrifier que Leone ne semble pas avoir résolu. Autre problème : les effets spéciaux sont parfois vraiment de mauvaises qualités. Alors certes Terrifier 2 se veut un hommage aux films gores des années 80 et à ces productions faites avec les moyens du bord. Cependant le principal problème est que le film à bénéficié d’un budget de 250 000 dollars. Alors, oui, ce n’est presque rien et on a un film qui se veut vraiment généreux sur le gore, mais Terrifier 1 n’avait que 35 000 dollars de budget (chez moi ça équivaut à trois francs six sous), on était donc en droit d’avoir certains effets gores mieux réalisés.
Enfin, le scénario en plus de ses incohérences se révèle totalement brouillon dans sa progression, mais surtout beaucoup trop long pour un film de cette envergure. Sur près de deux heures, une trentaine de minutes pourrait être coupée tellement elle sert de remplissage avant les prochaines effusions de sang. Ainsi, on se retrouve face à un film beaucoup trop long pour la simplicité du postulat qu’il nous propose. Terrifier 2 se révèle intéressant sur plusieurs points, notamment sur sa volonté de nous proposer une petite série B gore qui tâche comme il faut. Cependant le film semble freiné par un amateurisme parfois trop voyant, notamment au niveau de ses acteurs, mais également par des idées mal amenées qui se révèlent soit trop brouillonnes soit trop ambitieuses.
Un Terrifier 3 fut annoncé peu de temps après la sortie du deuxième opus. On sait déjà que celui-ci fera de la fête de Noël son décor principal pour une boucherie futur. Toutefois, cette mise en chantier si hâtive d’un nouvel opus est-elle raisonnable ? Damien Leone sera-t-il capable de travailler les défauts de ses deux premiers longs-métrages, ou tombera-t-il dans la facilité en nous proposant un film bâclé avec un gore à outrance ? Ça sera à voir lors de sa sortie ! Terrifier 2 est disponible sur la plateforme de screaming Shadowz.
3Mothers Factory 
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