Remake du film éponyme de 1983 réalisé par le Californien James Sbardelatti et produit par Roger Coreman himself, Deathstalker version 2025 est la nouvelle mouture du cinéaste touche-à-tout Steven Kostanski. Présenté dans la catégorie Midnight Movie au Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg qui s’est tenu du 26 septembre au 5 octobre 2025, le film a réjoui le public du festival en lui offrant un spectacle fun et gore, digne de la catégorie à laquelle il a participé !

Alors que les Dreadites conduits par le sorcier Nekromemnon ont envahi le royaume d’Abraxeon, Le Deathstalker, mercenaire sans foi ni loi, tombe sous la malédiction d’un médaillon volé sur le cadavre d’un chevalier mort sur le champ de bataille. Poursuivi par de monstrueux assassins à la solde du sorcier, le guerrier devra se libérer de la malédiction et affronter le mal en personne !

MONSTRES ET COMPAGNIES !

Avec cette relecture d’un classique du Sword and Sorcery au cinéma, le cinéaste canadien continue dans la veine de ses Psycho Goreman et Frankie Freako, en proposant au public une histoire de barbare dans un mélange « bourrin » de fantasy, d’horreur grotesque et de comédie. Et encore une fois, pour mieux raconter son histoire, Kostanski délaisse le numérique pour utiliser des effets visuels pratiques, n’hésitant pas ainsi à convoquer, de manière évidente, la série des films Evil Dead1 de Sam Rami ou le cinéma pré-hollywoodien2 de Peter Jackson. Ainsi, le bestiaire présenté par le cinéaste canadien dans ce Deathstalker version 2025 est tout aussi monstrueux, loufoque et traversé par une démence visuelle que celui de ses illustres prédécesseurs ! Ainsi, à l’instar de ses collègues du fameux studio de production Astron-63, Steven Kostanski ne cesse-t-il, dans sa filmographie, de faire référence au cinéma populaire des années 70 – 80, qui pour beaucoup de passioné·e·s, représente une sorte d’âge d’or du cinéma de genre. En partie financé par un crowdfunding sur la plateforme Kickstarter et avec Slash, le guitariste des Guns’N’Roses, comme producteur exécutif, le film de Steven Kostanski apparaît, donc, comme une œuvre de fans dans le bon sens du terme ! Les deux compères avaient en effet déjà contribué a la renaissance de l’univers de Deathstalker avec un comics publié par Vault Comics en 2023.

CONANSPLOITATION

Au moment de sa sortie, le film de Sbardellati surfait sur la vague de la conansploitation4, séries de films qui essayaient d’exploiter le succès et l’univers d’heroic fantasy du métrage Conan le Barbare de John Milius (1982). Cependant, dans le Deathstalker de 1983, on ressent plus l’influence d’une œuvre littéraire telle que la saga de Les Chroniques de Gor5 de John Norman, tant dans l’allure des héros6 que dans l’exposition de nombreuses héroïnes à demi nues (dans un monde misogyne) que de l’univers de Conan7 ! De ce point de vue, le Deathstalker de Kostanski doit plus au héros mythique de Robert E. Howard  ! En effet, il faut reconnaître que l’esprit et le physique du Cimmérien siéent mieux à l’acteur spécialiste des arts martiaux et des films d’action, Daniel Bernhardt8 ! D’autre part, l’univers mis en scène par Kostanski est beaucoup plus gore et malaisant que le film de 1983, bien plus kitsch ! L’œuvre du cinéaste canadien s’inscrit ainsi dans le cinéma gore et grand-guignolesque qui fait la part belle aux démembrements et aux geysers de sang procurant, aux amateur·ice·s du genre, une expérience très divertissante ! Et même si l’histoire de Deathstalker semble décousue, caractéristique dans laquelle on peut voir une référence aux scénarii un peu bancals des œuvres auxquels il rend hommage, l’intrigue est surtout prétexte à présenter un défilé de monstres, aux designs très réussis d’ailleurs, certains déjà présent dans le film de 19839 et qui viennent défier le héros en combat. Ceci, étant justifié scénaristiquement par le fait que ces créatures, sorties tout droit de l’enfer, essaient de récupérer l’amulette pour le compte du sorcier Nekromemnom. Le Deathstalker doit ainsi passer plusieurs épreuves potentiellement mortelles pour atteindre son but et se libérer de la malédiction due à sa cupidité. Car ici, comme dans l’œuvre originale de Sbardellatti, Kostanski joue la carte du héros cynique et immorale, mais charismatique au caractère individualiste et « tranchant », c’est le cas de le dire ! Cependant, il faudra qu’il apprenne assez vite a compter sur des allié·e·s, Doodad (Patton Oswalt pour la voix), un petit magicien gobelin et Brisbayne (Cristina Orjalo), une jeune voleuse qui vont l’aider dans sa quête et affronter avec lui le maléfique sorcier !

En proposant Deathstalker au public, Steven Kostanski confirme sa capacité à créer des œuvres visuellement impressionnantes en utilisant des effets visuels pratiques de grande qualité malgré les petits budgets dont il dispose. Ce film est une énième preuve d’amour que le cinéaste porte au cinéma de genre et démontre le respect qu’il a pour les spectateur·ice·s.

  1. On peut penser bien sûr a Evil Dead 3 : L’Armée des ténèbres (1992) !
    ↩︎
  2. Avec notamment Bad Taste (1987) ou encore Braindead (1992) ↩︎
  3. Astron-6 est un studio de production canadien créé en 2007 par Adam Brooks et Jeremy Gillespie. Le studio est connu pour produire des films inspirés par le cinéma de genre des années 80 avec des petits budgets sur le modèle de la Troma. Astron-6 a produit notamment Father’s day (2011) et The Editor (2014), inspiré du Giallo. ↩︎
  4. Lire le livre Barbares, de Conan à Musclor de Claude Gaillard ↩︎
  5. L’œuvre de John Norman a aussi connu deux adaptation cinématographiques; Gor de Fritz Kiersch (1987) et Les Bannis de Gor de John Cardos (1988) ↩︎
  6. L’acteur Richard Hill, qui incarne le Deathstalker a le physique qu’on pourrait imaginer être celui du héros de la saga Gor, Tarl Cabot; grand, athlétique (c’est un ancien joueur de Football américain), aux cheveux blonds. ↩︎
  7. L’artiste Boris Vallejo a dessiné à la fois l’affiche du film Deathstalker de 1983 que celui de 2025. Il a aussi dessiné des couvertures pour Les Chroniques de Gor. ↩︎
  8. Le terrifiant Agent Johnson de l’univers Matrix ! ↩︎
  9. Comme les gardes à tête de cochon par exemple. ↩︎

Une réponse à « Deathstalker, gore a go-go ! (FEFFS 2025) »

  1. Tout à fait d’accord, ce film n’est pas une oeuvre cynique surfant sur la vague du faux kitsch !

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