The Sadness aka 哭悲 (Rob Jabbaz, 2021) est un film d’horreur taïwanais mettant en scène une épidémie qui transforme les citoyen·ne·s en infecté·e·s avides de sang et de sexe. Ce récit, issu de la bande dessinée américaine Crossed (initiée en 2008 par Garth Ennis et Jacen Burrows), nous conte les mésaventures d’un jeune couple qui tente de survivre à cette contagion dévastatrice. Kat et Jim, séparé·e·s durant les prémisses sanguinolentes de ce fléau, découvrent peu à peu une ville en proie à la brutalité, au viol et au cannibalisme…

Rappelant les films hong-kongais des années 1990 de catégorie III, The Sadness est extrêmement gore et dérangeant. En plus de l’habituel cannibalisme des infecté·e·s des univers à mi-chemin entre zombies like et psycho movies, c’est dans sa violence sexuelle, ses dialogues dégueulasses et sa dépravation que le métrage retourne l’estomac. L’histoire débute dans le quotidien d’un couple qui, après une année d’une pandémie d’une sorte de grippe aux symptômes relativement légers, espère vivre à nouveau sans frustration. Le pays baisse sa vigilance et c’est alors que le virus « Alvin » mute, transformant les gens en véritables psychopathes incapables de contrôler leurs instincts agressifs. Une dame âgée, vêtue de blanc, aux longs cheveux blancs et au sourire démoniaque débarque dans le petit restaurant dans lequel Jim prend une pause. Très rapidement, la situation dégénère et le trash éclate dans les rues de la ville. Cette étrange maladie infecte le cerveau et pousse les personnes infectées à réaliser les actions les plus cruelles auxquelles elles pensent. Un combo meurtrier de tortures, de mutilations et d’agressions sexuelles métamorphose ainsi la face de la nation taïwanaise. L’ordre et l’éthique disparaissent au fur et à mesure que le virus se répand. Kat et Jim ont les nerfs à vif, la jeune femme se retrouve poursuivie par un pervers sadique en costard tandis que son mec tente d’échapper à des hordes de cinglé·e·s.

Entre les lignes de métro infestées et les zones urbaines dévastées, la tranquillité de la route traversant la jungle qu’arpente Jim, en scooter, à la recherche de sa copine dénote quelques minutes avant qu’il soit le témoin d’un énième acte de violence. Survivantes d’une hécatombe frénétique dans un wagon de métro, Kat et sa camarade de galère trouvent refuge à l’hôpital… Entre expérimentations médicales déshumanisantes, partouzes d’infecté·e·s, et retrouvailles déchirantes, la suite du métrage s’enfonce encore et encore dans une horreur profonde et irrécupérable.

Barbare et cruel, The Sadness est une bombe qui éclate en surenchère de chairs arrachées, d’insultes et de hurlements bestiaux tout en laissant une place d’humanité, d’amour et de solidarité dans son scénario déroutant. Si les pouvoirs publiques ne semblent pas avoir été préparés à la pandémie de la covid-19, qu’en serait-il dans ce cas-ci ? Métaphore de la panique et de la folie qui ont envahi le monde durant le confinement ou scénario catastrophe d’un virus désinhibiteur de nos pensées les plus vicieuses, ce film dispose d’un rythme de dingue où chaque moment de calme est si bref qu’on sent l’angoisse venir directement : Ok, donc, que va-t-il se passer de pire maintenant ? L’œuvre de cet artiste canadien expatrié à Taïwan est un carnage sans fin qui lorsqu’il prend de rares pauses redouble de violences en tous genres qui dégoulinent et s’étalent à travers l’écran. Entre Ebola Syndrome et Evil Dead, l’humour noir et l’orgie de fluides vomitifs que nous offre The Sadness constitue un bel hommage au cinéma gore !


Auteur / autrice

  • Syneha Raktajin0

    Elle aime lire, écrire – des phrases beaucoup trop longues –, voyager, jouer aux jeux vidéo, en particulier les RPG Japonais, et regarder des films de genre à gogo, surtout ceux qui donnent des frissons tout partout ! Sorcière au caractère lunatique qui passe du rire aux larmes bien trop facilement, elle se prend à rêver à des utopies à la Star Trek ou encore une romance à la Pocahontas – au détour de la rivière sous un saule pleureur-mamie gâteaux. Son style favori : sa broche du prisme lunaire et ses commandes d’invocation de Gilgamesh tatouées sur sa main gauche.

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